C’est dĂ©sormais chose faite. Pour mettre fin aux nombreuses railleries de ses dĂ©tracteurs, le candidat d’En Marche ! a fini par dĂ©voiler ce jeudi son programme prĂ©sidentiel Ă travers six grands chantiers. Le point sur ses propositions principales pour « retrouver l’esprit de conquĂªte français ».
Education et culture
« Condition mĂªme de notre cohĂ©sion nationale », c’est Ă l’éducation qu’Emmanuel Macron souhaite donner la prioritĂ©, en crĂ©ant notamment plus de 4 000 postes d’enseignants et divisant par deux le nombre d’élèves par classe en CP et CE1 dans les zones les plus en difficultĂ©. Autonomie en termes de recrutement, rĂ©tablissement des classes bi-langues, interdiction de l’usage des tĂ©lĂ©phones portables dans l’enceinte des collèges et des Ă©coles primaires sont Ă©galement au programme.
Société du travail
Cette volontĂ© d’ « émancipation » s’applique aussi au marchĂ© du travail. « Je demanderai au gouvernement de simplifier le droit, de rĂ©former l’assurance chĂ´mage pour en faire un droit universel avec des exigences nouvelles pour chacun. » Autrement dit : sortir du système actuel des cotisations et construire un dispositif oĂ¹ l’assurance chĂ´mage serait financĂ©e par l’impĂ´t et donc accessible aux entrepreneurs, aux agriculteurs ou encore aux professions libĂ©rales.Â
Pour les chĂ´meurs, l’ancien ministre prĂ©voit un plan d’investissement de 50 milliards d’euros (dont 15 milliards pour la formation), tout en serrant la vis. Ces derniers ne pourront pas refuser plus de deux offres d’emploi « dĂ©centes » pour un salaire qui « n’est pas infĂ©rieur de plus de 20-25% » Ă leur ancien poste. Si Emmanuel Macron promet de ne pas toucher au SMIC, il assouplira par contre les 35 heures par « des accords nĂ©gociĂ©s majoritaires », estimant qu’« il y a des secteurs oĂ¹ elles posent un vrai problème de compĂ©titivitĂ© et d’organisation. » Coup de pouce aux entreprises, qui verraient leurs charges allĂ©gĂ©es et leurs impĂ´ts baissĂ©s de 33,3 Ă 25%. L’exonĂ©ration des cotisations sociales pour les heures supplĂ©mentaires serait Ă©galement rĂ©tablie comme sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. A en croire Emmanuel Macron, ces mesures accĂ©lĂ©reraient l’émergence d’un nouveau modèle de croissance, plus respectueux de l’écologie et de l’environnement.
La touche « verte »
Surfant sur l’actualitĂ©, l’ancien banquier veut placer la France en tĂªte du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides, tout en faisant de l’Hexagone le leader mondial de la recherche sur la transition environnementale. Quinze milliards d’euros de son plan d’investissement seraient d’ailleurs consacrĂ©s Ă la transition Ă©cologique, visant une rĂ©duction de 50% de la part du nuclĂ©aire dans la production d’énergie. Une prime de 1000 euros pour l’achat d’un vĂ©hicule moins polluant, neuf ou d’occasion, permettrait selon lui de rĂ©duire de moitiĂ© le nombre de jours de pollution atmosphĂ©rique.
Moralisation de la vie publique
Alors que François Fillon va Ăªtre convoquĂ© en vue d’une mise en examen, Emmanuel Macron joue la carte de la transparence en voulant interdire aux parlementaires d’exercer des activitĂ©s de conseil, tout comme d’employer leurs proches ou des membres de leur famille. Autres mesures : la fin du rĂ©gime spĂ©cial de retraite des parlementaires et la fiscalisation de l’intĂ©gralitĂ© de leur rĂ©munĂ©ration. Sans doute l’influence de François Bayrou, prĂ©sident du MoDem, qui s’est ralliĂ© Ă En Marche ! quelques jours auparavant.
Europe
Les propositions fusent aussi sur le chantier européen. A commencer par la création d’une force de 5 000 garde-frontières, celle d’un Fonds européen de défense qui financera les équipements militaires communs, mais aussi d’un Quartier général européen permanent. La durée de séjour des travailleurs détachés sera quant à elle limitée à un an. Côté économique, l’imposition des grands groupes internet sur leur chiffre d’affaires réalisé en France et la mise en place d’un mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe sont également au programme. L’accès aux marchés publics européens serait aussi réservé aux entreprises localisant au moins la moitié de leur production en Europe.
Sécurité
Un Etat qui protège. C’est la vision que porte Emmanuel Macron en faisant la part belle à la proximité, notamment avec la création d’une « police de sécurité quotidienne ». 10 000 postes supplémentaires de policiers et gendarmes seraient donc mis en place, avec des centres pénitentiaires ad hoc pour les « foreign fighters ». La construction de deux nouvelles écoles de police, de 1000 et 500 places, est par ailleurs prévue ainsi qu’un renforcement de la coopération européenne en matière de sécurité.
Si l’ancien banquier revendique un programme « ni de droite ni de gauche », il pioche toutefois dans les deux camps pour proposer des mesures moins clivantes. Assez centriste, somme toute, tout en exploitant jusqu’au bout l’avantage d’offrir un visage nouveau dans le paysage politique.
Image à la Une : © Sophie Liedot / JBV NEWS.