Jean Lassalle,
Député des Pyrénées-Atlantiques, candidat à l’élection présidentielle sous réserve de 500 parrainages d’élus.
J’ai ressenti, tout au long de mes marches, l’attachement de mes concitoyens à leur commune. En France, la conquête de nos libertés s’est réalisée à partir des communes. Elles ont été le point de départ de la construction de notre espace national. Combien de nos villes ou villages ont dans leur nom le mot «Villefranche » ?
J’ai appris à l’école que la France avait plus de 36 500 communes. Certains ont prétendu qu’il y avait autant de communes en France que dans toute l’Europe des 12. Et alors, où est le problème ? D’où vient cette volonté de politiques sans mémoire à vouloir en réduire le nombre ? Les structures sans âmes au sein desquelles la loi NOTRe veut les regrouper sont à la démocratie ce que les barres d’immeuble sont au vivre ensemble : une impasse.
Dans toutes les communes que j’ai traversées, j’ai établi des contacts avec leurs habitants. Essayez ! Vous verrez que c’est plus facile que dans la plus grande galerie commerciale. La commune respecte l’homme. Il s’agit d’une démocratie à hauteur d’homme. Je me bats pour l’avenir de mes enfants, de nos enfants. Je ne repars pas dans le passé.
J’ai été frappé de voir en Syrie la richesse, maintenant détruite, de ces « grappes » de villes et de villages qui occupaient l’espace. Il ne reste maintenant que des familles parquées dans des camps ou des habitations de fortune. La liberté a toujours favorisé la diversité. Mais sans cadre commun d’expression, la diversité se transforme en chaos.
Emmanuel Lévinas affirmait que « l’homme moderne est né de père inconnu ». Je connais mes ancêtres. Ils me donnent le courage de me battre aujourd’hui. A quoi bon mon existence, si je ne transmets rien d’autres à mes fils que des biens matériels ? Ils ont ma gueule, ma trogne. Mais si je veux leur transmettre mes valeurs, mon histoire, notre histoire, je dois sauvegarder mon éco-système démocratique communale. Difficile de tricher, de ne pas tenir parole quand vous êtes sous le regard et le jugement des autres. La démocratie s’apprend chaque jour. Elle ne supporte pas les compromissions. Elle n’a pas besoin d’expert. Mais elle exige pour fonctionner des hommes et femmes expérimentés. Elle est plus proche de l’artisanat que de la production en chaîne.
Dans la mondialisation, tout devient interchangeable. Tout doit se décider tout de suite. Bien sûr qu’il y a des urgences. Mais lors de la grève de la faim, j’ai éprouvé dans mon corps l’évidence qu’il est des choses trop fondamentales pour être abandonnées à une structure bureaucratique quelconque. J’ai également appris, lors de ce combat, le rôle du temps.
La France peut retrouver sa grandeur en prenant le temps de la construction d’une voie originale vers le bonheur. Elle part de la commune pour aller à l’infini. C’est le sens de ma candidature à la Présidence de la République.
Image en Une : © Thierry Franco