Ministre de l’Intérieur puis président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré restera dans l’histoire des institutions comme celui qui aura mené à bien, en qualité de président du Conseil Constitutionnel, une réforme majeure : celle de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) permettant de vérifier si les procédures de justice ne violent pas dans certains cas les libertés garanties par la loi fondamentale. A la retraite et n’ayant plus pour fonction officielle que la présidence du président du Conseil supérieur des archives, il est décédé dans la nuit du 3 au 4 mars, à l’âge de 80 ans.
De son empreinte restera marquée la vie politique sous la Ve République. Un fait attesté par les hommages rendus à Jean-louis Debré par les représentants des plus grandes institutions – le Conseil Constitutionnel, le Sénat et l’Assemblée nationale – ainsi que par des personnalités politiques de tous bords.Â
Le nom « Debré » est en effet indétachable de la Ve République. Né en 1944 à Toulouse, Jean-Louis Debré est issu d’une famille de médecins et politiques. Il était notamment le fils de Michel Debré, résistant, l’un des rédacteurs de la Constitution de la Ve République, « Premier des premiers ministres » du général de Gaulle et membre de l’Académie française.Â
De magistrat à président du Conseil Constitutionnel
Le quatrième fils Debré entame une carrière de magistrat, sans avoir le baccalauréat. Admis en faculté par la filière de la capacité en droit, Il finit après de longs efforts. par soutenir une thèse de doctorat consacrée aux idées constitutionnelles du général de Gaulle et intégrer la magistrature, exerçant pendant quelques années comme juge d’instruction. Cette fonction lui inspire l’écriture de romans policiers avant de se lancer avec succès en politique en 1986. Fervent partisan de Jacques Chirac, dont il est très proche, et membre du RPR (Rassemblement pour la République), il devient ensuite ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’Alain Juppé, de 1995 à 1997. En 2002, il est élu président de l’Assemblée nationale, jusqu’en 2007, date à laquelle il est nommé président du Conseil constitutionnel par Jacques Chirac.Â
Jean-Louis Debré y acquiert une légitimité incontestable. Sous sa présidence, la prestigieuse institution ne rend pas moins de 200 décisions par an, contre seulement 23 auparavant. Celui qui fut communément surnommé dans sa jeunesse « Zéro Debré » devient une figure d’autorité reconnue, saluée à l’heure de sa disparition par la plupart des acteurs du monde politique.Â
Une figure politique reconnue
Les membres de la famille Chirac et les proches de l’ancien chef de l’Etat ont ainsi salué « un serviteur exemplaire de la Ve République » et un « compagnon de toujours de Jacques Chirac », son ami. Le Président de la République Emmanuel Macron le qualifie quant à lui d’« homme de droit et de droiture » sur X.Â
Figure emblématique de la droite gaulliste, Jean-Louis Debré force aussi le respect chez des personnalités politiques plus à gauche. Si l’ancien président François Hollande souligne son « sens de l’intérêt général », le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel rappelle leurs « débats passionnants et respectueux », qui « dépassaient [leurs] divergences ». Pour Jean-Luc Mélenchon, « il était de ceux pour qui l’idée républicaine restait un idéal et même davantage qu’une Constitution (…) Sa fidélité à cette attitude nous est léguée comme un exemple » écrit-il sur X.