Jean-Marie Le Guen est, depuis la Libération, le troisième médecin (après Joseph Comiti et André Rossinot) à s’être vu confier la mission de soigner les délicates relations entre l’Exécutif et le Législatif. Cet ancien “Strauss-Khanien”, élu à Paris dès 1981 et député depuis 1988 est devenu très proche de François Hollande et de Manuel Valls. Il connaît bien les rouages du Palais-Bourbon, ainsi que les embûches de la vie politique, ce qui lui permettra sans doute de gérer les situations délicates qui s’annoncent, telles qu’un possible changement de majorité sénatoriale. Le successeur d’Alain Vidalies, devant les journalistes parlementaires, n’a pas caché que son entrée au gouvernement coïncidait avec la volonté du Premier ministre de créer “un dialogue nouveau” avec le Parlement, marqué par plusieurs interventions de Manuel Valls devant, notamment, les députés de la majorité. Il préfère, qu’on se le dise, dédramatiser le comportement frondeur de certains élus socialistes, comme l’abstention des “41”. “Il y avait sans doute un malaise assez ancien, dont je n’avais pas moi-même, bien que membre du groupe, vraiment pris conscience, a-t-il remarqué, en ajoutant : la majorité n’en est pas moins restée majoritaire et beaucoup de choses, dans les relations entre le gouvernement et les élus pourront être améliorées par une meilleure pédagogie. Les conseillers parlementaires des cabinets ministériels doivent, par exemple, voir leur rôle revalorisé, de façon à ce qu’ils puissent établir un lien plus étroit entre les ministres et les députés. L’objectif est le travail en amont.” Ce que Jean-Marie Le Guen se refuse cependant à faire, c’est de “traiter à part un groupe particulier (sous-entendu, les “frondeurs” ). Il se veut en effet à l’écoute de l’ensemble des députés et des sénateurs, de la majorité comme de l’opposition. La tâche ne sera sans doute pas si facile car le calendrier parlementaire s’annonce chargé. “Il est plus que probable que le Parlement travaillera cette année après le
14 Juillet, car il faudra rattraper les six semaines d’interruption motivées par les municipales. “Une tradition qui va peut-être s’éteindre bientôt du fait du non-cumul…” a confié Jean-Marie Le Guen.
Une réforme “rapide, puissante…”
La réforme pénale en procédure accélérée, les lois modificatives du budget de la nation et de la sécurité sociale vont occuper les prochaines semaines mais il y aura aussi la réforme pénale, le projet de loi ferroviaire, les droits de l’enfant, l’économie sociale et solidaire. À la rentrée, viendront la transition énergétique, la réforme territoriale et, bien entendu, la discussion de la loi de finances 2014… S’agissant de la réforme territoriale, Jean-Marie Le Guen prophétise qu’elle sera “forte, rapide, puissante” et “nourrie par le débat parlementaire”, tout en situant peu les contours dans l’attente du projet de loi soumis à l’approbation du Conseil des ministres de début juin. Il est intéressant de noter que, selon lui, la question du référendum ne se posera pas, sauf si cela apparaissait nécessaire dans le débat. Le Secrétaire d’État n’est pas partisan de cette procédure, reprenant à son compte l’argument voulant que dans un référendum, les électeurs ne se déterminent pas en fonction de la question posée. Quant au forcing de l’opposition à ce sujet, il le critique sévèrement : “Ils veulent un référendum sans dire ce qu’ils pensent du fond et sans faire de véritables propositions ”. Conscient de ses nouvelles responsabilités, il regrette que l’opposition ne soit “jamais dans des logiques positives ”. “Est-ce que notre pays peut continuer, alors que les difficultés économiques ne datent pas de l’actuelle majorité, à vivre sur des postures ? ”, interroge-t-il, soudain grave.
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Jean-Marie Le Guen : « La majorité est restée… majoritaire ! »
Jean-François Bège3 Mins Read
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