En ce début d’année qui n’en est plus tout à fait un, la présidente de l’Assemblée nationale a adressé ses traditionnels vœux à la presse le 23 janvier dernier. L’occasion de s’exprimer sur de nombreux sujets tout en répondant aux interrogations des journalistes.
Comment faire fonctionner une assemblée sans majorité ? Voilà un sujet auquel Yaël Braun-Pivet ne pouvait échapper lors ses vœux à la presse, tant la question était sur toutes les lèvres depuis les élections législatives anticipées de juin 2024. Malgré une grande instabilité, l’activité parlementaire a connu « quelques frémissements » à en croire la présidente de l’Assemblée nationale. A commencer par la quasi-unanimité autour du projet de loi d’urgence pour Mayotte, ainsi que le « dialogue fructueux » engagé avec les présidents de groupe. Yäel Braun-Pivet souhaite également apporter davantage d’échange trans-partisan au sein de l’hémicycle, comme c’est le cas selon elle pour la proposition de loi sur le consentement, qui devrait être inscrite à l’ordre du jour début mars.
« Il n’est pas question que je caporalise cette assemblée »
Interrogée sur le « brouhaha » ambiant dans l’hémicycle, la présidente a expliqué que la configuration historique du lieu, conçu pour que les orateurs puissent être entendus par tous sans micro, mène inévitablement à un bruit constant. « C’est une assemblée qui vit […] et je pense que cela ne doit choquer personne », a-t-elle souligné. Si des sanctions existent pour les cas les plus graves, Yäel Braun-Pivet rappelle que la démocratie amène nécessairement un dialogue, avec des échanges parfois animés.
Autre point fort de la cérémonie : l’évocation de l’état des relations entre la présidente de l’Assemblée et le premier ministre, qu’elle qualifie d’« excellent » malgré des « désaccords de fond », notamment sur le cumul des mandats. Opposée aux « baronnies » locales, Yäel Braun-Pivet se dit favorable à une addition des mandats dans le temps, afin de « développer les parcours d’élus » et favoriser l’entrée des femmes dans l’institution.
« Les barons locaux qui cumulaient tout étaient plutôt des hommes »
A cet égard, elle soutient une proposition de loi – portée par le camp présidentiel – visant à instaurer le scrutin de liste paritaire pour toutes les communes. Il n’est actuellement réservé qu’à celles de plus de mille habitants, alors que seulement « deux maires sur dix sont des femmes ». Quant au bilan du quinquennat Macron, Yaël Braun-Pivet prône l’indulgence à l’égard du chef de l’Etat. « Ce sont des fonctions très solitaires. Vous avez la charge de 68 millions d’âmes, ce n’est pas rien ». Dressant un constat « en demi-teinte », elle salue de « formidables réussites », comme la réorganisation de France Travail et de France services. Soulignant la difficulté à « tenir le cap » dans un environnement politique instable, elle a en revanche déploré le manque de réformes systémiques, notamment dans les domaines clés de l’Education nationale, de l’univers de la santé et sur le plan du renouveau démocratique.