La condition des homosexuels passée au crible dans près de 50 pays. Cette enquête inédite et engagée, menée pendant huit ans par le journaliste et écrivain Frédéric Martel, propose un état des lieux des droits LGBT dans le monde tout en montrant « comment la révolution gay » le change.
Dans 76 pays, l’homosexualité est un crime passible de prison. Dans sept pays, la loi prévoit la peine de mort, s’indigne Frédéric Martel.
Paru en 2013, son livre avait inspiré la réalisation d’un documentaire : « Global Gay : pour qu’aimer ne soit plus un crime » avec pour fil conducteur la dépénalisation de l’homosexualité à l’échelle internationale. Cette nouvelle édition a été entièrement mise à jour pour tenir compte de l’actualité (légalisation du mariage gay aux Etats-Unis en 2015, émancipation de Cuba, tuerie d’Orlando en juin 2016, montée de l’homophobie en Russie et au Moyen-Orient). Une mondialisation de la question homosexuelle que décrypte l’auteur dans son ouvrage « Global Gay ». Associé au Centre de Recherches internationales de Sciences-Po Paris, il a choisi d’étudier l’évolution des mentalités, des modes de vie et des droits de l’Homme à travers le prisme des droits LGBT. Un critère qu’il a jugé pertinent pour jauger l’état d’une démocratie ou la modernité d’un pays.
Fruit d’une enquête de grande ampleur menée dans quarante-cinq pays pendant huit ans, cet essai retranscrit les échanges de Frédéric Martel avec des militants du monde entier. Malgré les disparités géographiques, il en ressort que leurs revendications sont toujours les mêmes, formant une dynamique à la fois globale et locale.
Des Etats-Unis à l’Iran: la disparité des luttes
En Chine, Frédéric Martel explique que les règles d’inspiration confucéenne rendent la visibilité de l’homosexualité particulièrement taboue. En Inde, au Pakistan, en Birmanie, au Bangladesh, à Singapour ou encore en Malaisie, chaque Code pénal possède la section 377 qui punit l’homosexualité. Cette législation, imposée par l’Angleterre à ses colonies en 1860, est restée intacte, sauf en Inde qui l’a abrogée en 2009.
Au Cameroun, la situation des droits homosexuels est critique : l’homophobie y apparaît bien souvent comme la norme et non pas l’exception à en croire l’auteur. Frédéric Martel s’alarme aussi des condamnations à mort que subit la communauté gay en Iran pour « crimes sexuels ». Il se souvient notamment de l’exécution le 19 juillet 2005, de deux jeunes homosexuels, Mahmoud Asghari (16 ans) et Ayaz Marhouni (18 ans) : leurs photographies avaient alors fait le tour du monde.
Quant au Danemark, les débats sur les unions civiles homosexuelles ont été ouverts en juin 2012 et se sont déroulés dans le calme contrairement à la France ou à l’Espagne.
Comme le résume l’auteur, « ce livre, à la fois inquiet et optimiste, riche en portraits inattendus, raconte la nouvelle bataille des droits de l’homme. »
Informations :
Frédéric MARTEL, « Global Gay » La longue marche des homosexuels ; Essai Collection « Champs actuel », parution le 7 juin 2017