Un entretien avec Valérie Pécresse,
Présidente de la Région Ile-de-France
Lors de votre discours d’investiture, vous avez confirmé le déménagement du siège de la région “de l’autre côté du périphérique, vraisemblablement en Seine-Saint-Denis”. Est-ce une façon d’affirmer votre volonté de changement ?
L’Ile-de-France change et le Conseil régional doit changer avec elle. Le déménagement au-delà du périphérique est symbolique de la nécessité d’un rééquilibrage à l’est. Il est aussi nécessaire car je veux une région au train de vie sobre. Aujourd’hui, les bureaux de la région Ile-de-France sont disséminés sur dix sites au cœur de Paris, dont sept hôtels particuliers, soit un patrimoine de 250 millions d’euros. Et à ceci s’ajoutent plusieurs immeubles en location dans les plus beaux quartiers de la capitale pour plus de 26 millions d’euros de loyer par an. Je veux aussi profiter du déménagement pour décloisonner les services de la Région : la Région est certes devenu un acteur incontournable aux compétences accrues mais n’a pas réfléchi à son organisation. Ma vision de la Région est celle d’une administration moderne, respectueuse des dernières normes environnementales, technologiques, d’accessibilité et d’ergonomie. Une administration conviviale, dotée de nouveaux services de proximité, interactive et solidaire.
Vous êtes par ailleurs fermement opposée au Grand-Paris, que vous avez qualifié de “contre-sens historique” : comment pourrez-vous mener combat contre ce projet tout en préservant les liens institutionnels entre la Région et les autres collectivités ?
La Métropole du Grand Paris, c’est la superposition d’un cinquième échelon administratif sur celui des communes, des intercommunalités, des départements et de la Région. Elle crée une barrière administrative entre Paris et la petite couronne d’une part, et la grande couronne et ses 5 millions d’habitants d’autre part. Cette Métropole du Grand Paris fracture et divise l’Ile-de-France alors qu’il faut au contraire la rassembler. Elle complexifie alors qu’il faut simplifier. Elle doit être abandonnée et la droite doit s’engager à le faire dans son programme de 2017. Ce qu’attendent de nous les Franciliens et les élus, c’est de régler leurs problèmes d’emploi, de logement, de transports, et d’attractivité économique des territoires, pas de créer un nouveau mécanisme institutionnel ! Partout en Europe, les Régions s’imposent comme l’échelon pertinent pour mener des politiques publiques efficaces. Les quatre millions d’électeurs qui se sont rendus aux urnes pour les élections régionales ont donné à la région Ile-de-France une légitimité démocratique forte que n’a pas la métropole. La véritable métropole du Grand Paris, c’est la Région Ile-de-France.
La campagne qui vous a porté au pouvoir a été très marquée par le contexte politique national : quelle pédagogie souhaitez- vous utiliser pour rappeler aux citoyens l’importance des compétences dévolues aux Régions ?
La campagne régionale en Ile-de-France a été courte, très violente, et endeuillée par les attentats de novembre. Les Franciliens ont été privés d’un véritable débat démocratique, projet contre projet. C’est très regrettable. Je veux donc prendre le temps d’expliquer, étape par étape, l’avancée des chantiers que nous mettons en œuvre. Dès la séance du mois de janvier, nous commencerons à décliner le programme : acter le déménagement, supprimer la réduction de 75 % pour les étrangers en situation irrégulière qui est injuste, poser les fondements du bouclier de sécurité, mettre en place le conseil de chefs d’entreprises pour l’attractivité de l’Ile-de-France.
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