L’homme le plus riche du monde a franchi un nouveau cap dans son bras de fer avec Donald Trump. Ce samedi 5 juillet, Elon Musk a annoncé la création du « Parti de l’Amérique », une formation qu’il présente comme une troisième voie face à un système politique dominé par l’alternance entre démocrates et républicains.
Au cœur de la rupture entre les deux hommes : le « Big Beautiful Bill », une loi budgétaire portée par Trump, qui prévoit un creusement du déficit de plus de 3 400 milliards de dollars d’ici à 2034. Opposé à ce texte, Musk avait menacé de créer son propre parti si la loi était adoptée. C’est désormais chose faite, avec le soutien de plus d’un million d’utilisateurs ayant répondu à un sondage sur sa plateforme X (ex-Twitter).
Une menace électorale pour le parti républicain ?
Si la candidature de Musk à la présidence est impossible, étant né en Afrique du Sud, son influence financière et médiatique n’en demeure pas moins considérable. L’entrepreneur a d’ores et déjà annoncé qu’il soutiendrait des candidats issus de sa nouvelle formation lors des prochaines échéances locales et nationales.
À court terme, cette dissidence inquiète la Maison Blanche. Avec une majorité fragile au Congrès, l’exécutif redoute que le « Parti de l’Amérique » divise l’électorat conservateur ou libertarien, affaiblissant ainsi les candidats républicains lors des élections de mi-mandat de 2026.
Un système politique taillé pour le bipartisme
Néanmoins, l’histoire américaine se montre traditionnellement peu clémente avec les partis alternatifs, comme l’ont montré les échecs du Parti vert de Ralph Nader ou du Libertarian Party (3,3 % en 2016 avec Gary Johnson). Le système électoral à scrutin uninominal majoritaire à un tour, combiné à une forte polarisation, rend extrêmement difficile l’émergence d’une troisième force durable. De plus, la propre expérience de Musk dans les affaires publiques s’est révélée peu concluante : son passage à la tête du DOGE (Department of Government Efficiency), un éphémère organe de rationalisation budgétaire, s’est soldé par des polémiques.
Musk se pose davantage en réponse à une frustration croissante : celle d’un électorat lassé par l’alternative binaire entre démocrates et républicains. Il affirme ainsi vouloir donner une voix « aux 80 % du milieu ». Cette proposition pourrait séduire une majorité d’Américains (58 % selon l’institut Gallup) jugeant « nécessaire » l’émergence d’un troisième parti.
Tournant politique durable ou nouvel épisode dans la guerre d’egos opposant l’homme le plus riche du monde au président américain ? Les « midterm » de l’an prochain seront assurément un premier élément de réponse.