Dimanche 20 juillet à 18 heures, la pétition contre la loi Duplomb a franchi le seuil symbolique du million de signatures. Aucune autre déposée sur le site de l’Assemblée nationale n’avait atteint ce niveau.
Adoptée le 8 juillet dernier au Palais Bourbon par 316 voix contre 223, la loi portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI) continue de cristalliser les tensions. En l’espace de 48 heures, la pétition citoyenne demandant le retrait du texte a doublé de volume : de 500 000 signatures samedi (seuil ouvrant la possibilité d’un débat sans vote dans l’hémicycle), elle dépasse désormais les 1,2 million ce lundi 21 juillet.
Un rejet citoyen massif
À l’origine de cette mobilisation : un texte jugé contraire aux engagements environnementaux de la France. La loi Duplomb autorise notamment, sous conditions, la réintroduction de pesticides néonicotinoïdes interdits depuis 2018, tels que l’acétamipride. Elle facilite par ailleurs l’agrandissement de fermes-usines et la construction de réserves d’eau controversées, les mégabassines. Les opposants y voient un « retour en arrière » en matière de santé publique, de biodiversité et de modèle agricole.
« Cette loi menace notre santé, nos écosystèmes, et renforce un modèle agricole productiviste dépassé », dénoncent les auteurs de la pétition, portée par une étudiante en master. Ils appellent solennellement Emmanuel Macron à ne pas promulguer la loi.
Une réponse institutionnelle prudente
Interrogée dimanche sur Franceinfo, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite « favorable » à l’organisation d’un débat public. « On ne peut que constater les chiffres qui montrent qu’une partie des Français veut que l’on débatte », a-t-elle admis, rappelant que ce débat n’aurait cependant « en aucun cas vocation à revenir sur la loi votée ». A l’en croire, il s’agirait d’une « réponse essentielle pour sauver une partie de nos agriculteurs ».
Même prudence du côté de l’exécutif. Invitée de France 2 ce lundi matin, la porte-parole Sophie Primas a affirmé que « le gouvernement écoute les mouvements démocratiques ». Selon elle, la réintroduction de l’acétamipride se fera « avec des dérogations strictes » et vise à rétablir une « équité entre les agriculteurs français et leurs homologues européens ».
Vers un débat national sur l’agriculture ?
Portée par l’élan de signatures, la pétition fixe désormais un nouvel objectif : atteindre 1,5 million de soutiens. Ses auteurs ne se contentent pas de demander la non-promulgation du texte. Ils réclament l’ouverture d’un grand débat national sur l’agriculture et l’alimentation, impliquant scientifiques, agriculteurs, écologistes, soignants, associations et citoyens.
Alors que l’actualité reste marquée par le plan d’économies en débat au Parlement, le gouvernement se retrouve face à une nouvelle contestation citoyenne d’ampleur inédite. La loi Duplomb, pensée comme une réponse aux mobilisations agricoles de l’hiver dernier, pourrait bien devenir le catalyseur d’une remise en question plus large du modèle agro-industriel français.