En raison des restrictions budgétaires demandées aux collectivités locales, le 106ème Congrès des maires de France a commencé le 19 novembre par un mouvement de colère contre le gouvernement.
Tout un symbole. Vêtus d’une écharpe noire à la place de leur ruban tricolore le temps d’une photographie, c’est l’esprit combatif que les élus ont inauguré le lancement du 106ème Congrès des maires en protestant contre le projet de loi de finances du gouvernement. Celui-ci demande aux collectivités 5 milliards d’euros d’effort budgétaire afin de participer au redressement des comptes publics. Une pression supplémentaire à l’heure où bon nombre de maires se sentent à deux doigts du burn-out face aux difficultés rencontrées, notamment en lien avec le narcotrafic et les agressions dont ils font l’objet.
L’objectif : faire front uni, avec l’appui du président de l’AMF David Lisnard, qui entend bien se faire le porte-voix de la contestation. « Je passe mon temps à contenir la colère des maires » affirme-t-il au Monde, ajoutant qu’ « il faut faire attention à ce que les prochains « gilets jaunes » ne soient pas en écharpe tricolore ». Le maire de Cannes n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui est de tirer la sonnette d’alarme, ayant déjà dénoncé le « n’importe quoi qu’il en coûte » à plusieurs reprises. Son numéro 2, le vice-président de l’AMF André Laignel, assure quant à lui que ce sont « 11 milliards » qui seront en réalité prélevés si l’on prend en compte l’ensemble des mesures relatives aux recettes des collectivités. Du coté du Sénat, le président Gérard Larcher réclame à ce que l’effort demandé soit ramené à 2 milliards d’euros au lieu des 5 initialement prévus. Tous semblent s’accorder sur la « tristesse » que leur inspire la manière « dont sont traités les élus locaux ». En témoigne notamment un récent rapport du Cevipof et de l’AMF, au sein duquel seulement 27 % des édiles affirment obtenir « la reconnaissance de l’État » et de ses services, contre 39 % d’entre eux en 2020.
« Il va falloir faire confiance aux maires », prévient David Lisnard. Car si l’on dit souvent que c’est le plus beau des mandats, c’est aussi le plus dur comme l’a rappelé récemment à France Bleu Jean-Philipe Mas, maire de Cluses.