Controversé lors de son ouverture, le musée du Quai Branly fêtera en 2016 ses dix ans d’existence. L’occasion de revenir sur ce qui a construit sa notoriété et d’envisager l’avenir.
«Dix ans déjà !» : à l’aube de fêter la première décennie du musée du Quai Branly, ses principaux responsables ont célébré la longévité et le succès du lieu inauguré par Jacques Chirac, à l’occasion d’une conférence de presse. Un premier bilan annonciateur d’un futur d’autant plus radieux. L’allocution de Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly, a débuté par un hommage vibrant aux victimes des attentats de Paris, rappelant que la moyenne d’âge des visiteurs du musée, évaluée à 39 ans, était « à l’image de la jeunesse morte sous les balles des terroristes ». Si « le musée vieillit bien » grâce au « travail fantastique» de l’architecte Jean Nouvel, Stéphane Martin a reconnu un défaut majeur à son ouverture, celui du manque d’accès aux personnes en situation d’handicap. Un sujet devenu central qui a permis à l’établissement de résoudre ce problème en obtenant la quasi-totalité des labels, permettant l’accueil des personnes invalides.
Du point de vue technique, Yves Le Fur, le directeur du département du patrimoine et des collections du musée, souligne la singularité du lieu et, notamment, la quête de modernité conduisant à répertorier chacune des œuvres dans une base de données accessible à tous «où que l’on soit». Cette technologie s’accompagne d’un investissement dans la mise en place d’une visite virtuelle des expositions. Si cet effort est considéré comme « disproportionné » au sein même de la direction du musée, l’augmentation de la fréquentation n’a fait que croitre ces dix dernières années, et ce malgré la succession des différentes crises. En 2015, le nombre de visiteurs s’est notamment élevé entre 1,3 millions et 1,4 millions: des chiffres qui s’expliquent par la multiplication d’expositions temporaires, au nombre de 97 depuis dix ans. Avec la particularité, à l’image du lieu, d’être ouvertes sur les cultures du monde entier. Fort de la participation de nombreux artistes locaux, le musée est parvenu à devenir une référence dans l’art en dépit du scepticisme ambiant lors de son ouverture en 2006.
Les témoignages vidéo de Monique Levi-Strauss, veuve de l’ethnologue Claude Levi-Strauss, du président du musée du Louvre Jean Luc Martinez ou encore du champion du monde de football 1998 Lilian Thuram, ont également exprimé tout l’enthousiasme que suscite la politique de globalisation menée par le musée. Yves Le Fur a par la suite énoncé les efforts sur lesquels son établissement devrait consentir à l’avenir. Ils porteront sur les nouvelles technologies, avec entres autre le perfectionnement des visites virtuelles ou encore par le rapprochement avec un public qui est dans l’incapacité de côtoyer l’enceinte du quai Branly, qu’il se trouve en prison, dans les hôpitaux ou encore en maison de retraite.
Enfin, Stéphane Martin a conclu cette conférence en rendant hommage au président Chirac, aujourd’hui retiré de la vie politique et médiatique. Amoureux des cultures nippone et africaine dans leur ensemble, le cinquième président de la cinquième République française est considéré comme l’un des parrains du musée, qui lui consacrera par ailleurs une exposition le 21 juin prochain. Une vraie promesse de longévité pour « son » musée, bien parti pour des noces de porcelaine, dans dix ans.