Le Musée Guimet des Arts asiatiques présente, jusqu’au 22 mai, une exposition consacrée au Kimono, vêtement japonais dont l’histoire continue à s’écrire.
L’exposition « Kimono, au bonheur des dames » retrace l’histoire de ce vêtement, si symbolique au Japon, depuis l’époque Edo (1603-1868). L’occasion de revenir sur les méthodes traditionnelles et spécifiques de sa confection.
Le Musée a pu compter sur un prêt exceptionnel de la maison de mode féminine « Matsuzakaya », fondée en 1611, à Nagoya. Les clientes, de toutes classes sociales, pouvaient y choisir leur patron sur catalogue. En 1747, une deuxième boutique est inaugurée à Kyoto avant de devenir un grand magasin à l’occidentale à partir de 1910 (ère Meiji).
Comment ce vêtement est-il devenu un fantasme chez les artistes européens de la fin du 19ème siècle ? Pourquoi le Kimono est-il une pièce maîtresse des grands couturiers contemporains ? Autant de questions auxquelles l’exposition apporte des éléments de réponse.
Un vêtement historique
Les Japonais auraient adopté la robe portée par les Chinois sous le règne des Tang (618-907), à l’époque Nara (646-794). À partir du 10ème siècle, ce vêtement traditionnel trouve sa forme quasi définitive mais il ne se répand au sein de toute la population qu’à partir du 12ème siècle.
Le « kosode », vêtement utilisé comme sous vêtement, est l’ancêtre du Kimono. Au 14ème siècle, il commence à se porter en extérieur. Le terme Kimono, littéralement « pièce d’habillement », se généralise au 19ème siècle. La tenue est fabriquée à partir de matériaux naturels très nobles comme la soie et le lin. Pour la fermer, le côté gauche se rabat sur le côté droit, les femmes l’entourent à la taille par une large ceinture décorée et extrêmement rigide, appelée « obi ». Grâce à des centaines de manières de le nouer, cet accessoire est un indicateur de la classe sociale et de l’état matrimonial des japonaises.
Si les aristocrates portent des kimonos confectionnés avec des tissus précieux et des décors minimalistes, les femmes de marchands les portent quant à elles avec de nombreux motifs, beaucoup plus chargés.
Un vêtement profondément inspirant
Progressivement, les Kimonos s’imposent en Occident comme de riches vêtements d’intérieur, emprunts de sensualité. Au tournant du 20ème siècle, les impressionnistes et les Nabis se passionnent pour l’empire du Soleil levant, dont « La japonaise au bain »[1] de James Tissot est une illustration.
Les créateurs japonais eux-mêmes, tels Kenzo Takada et Junko Koshino, ont donné un coup de jeune à ce vêtement traditionnel. En 1987, le couturier nippon Issey Miyake inaugure sa première boutique à Paris, important en France une vision modernisée du Kimono. Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gaultier et John Galliano vont également s’inspirer, à plusieurs reprises, des formes, des tissus et décors japonais.
S’inscrivant dans une mode en éternel recommencement, Le Kimono a su se réinventer pour rester en phase avec son temps. Passionnés d’histoire et de mode, vous avez encore une semaine pour admirer cette collection.
[1] James Tissot (1836-1902) La Japonaise au bain, huile sur toile, 1864, musée des Beaux-Arts, Dijon,
photos :
Image à la Une: Eizan Kikukawa (1787-1867) Belles Femmes devant la boutique Matsuzakaya (impression polychrome nishiki-e, triptyque, 1813-1814, H. 38,5 ; l. 78,2 cm, DaimaruMatsuzakaya Department Stores Co., Ltd.Crédits © J. Front Retailing Archives Foundation Inc./Nagoya City Museum
Photo1:Catalogue de modèles pour les motifs de kosode, Nishikawa hinagata,5 volumes, 1718, H. 22,1 ; l. 16 cm, Collection Matsuzakaya. Crédits © J. Front Retailing Archives Foundation Inc./Nagoya City Museum.
Photo2: Katabira à motifs de haies sèches, oeillets et hirondelles teinture à réserve et broderies sur un fond en lin gris foncé, seconde moitié du XVIIIe -première moitié du XIXe siècle, H. 174 ; L. 60 cm, Collection Matsuzakaya. Crédits © J. Front Retailing Archives Foundation Inc./Nagoya City Museum.
Photo3: Yves Saint Laurent (1936-2008) Ensemble du soir, manteau-mandarin de matelassé de soie Abraham, imprimé tilleul et glycine vert et violet, passementerie perlée Leroux ; robe mousseline Abraham ; pendants d’oreilles et bracelet de métal de Goossens ; sandales de satin et métal collection haute couture automne-hiver 1994, Fondation Pierre Bergé –Yves Saint Laurent, Paris, 1. inv. HC1994H85. Crédits © Fondation Pierre Bergé –Yves Saint Laurent, Paris/Alexandre
Informations :
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h. Fermeture des caisses à 17h15
Entrée : 9,50€ / 7€ (billet jumelé avec la collection permanente)
Site officiel : www.guimet.fr