François Bayrou élève des chevaux par tradition familiale. De surcroît, la ville de Pau dont il est le maire accueille chaque année les meilleurs spécialistes du saut d’obstacles pendant l’hivernage de l’hippodrome d’Auteuil. C’est dire que l’art du franchissement des haies fait partie de la psychologie du Premier ministre. Il n’a pas buté sur le vote du budget. Son engagement de responsabilité résolu s’est assorti de savantes négociations avec les socialistes et d’un appel à la stabilité visiblement entendu dans le pays. La course peut donc continuer. La côte du champion n’en reste pas moins incertaine et les paris sur sa longévité à Matignon sont loin d’aller dans le sens de l’unanimité. Pourquoi, d’ailleurs, nos compatriotes considèreraient-ils avec optimisme la trajectoire du chef de gouvernement alors même qu’ils cultivent les idées sombres sur la plupart des sujets, qu’il s’agisse de la sécurité, de l’école, de l’hôpital, de l’industrie, de l’agriculture, de géopolitique et du climat ?
On pourrait dire, comme Sylvain Tesson, que « la France est un paradis dont les habitants se croient en enfer ». Mais on ne saurait guérir la déprime nationale à coup d’heureuses formules. François Bayrou sait que la politique, de toute façon, se joue plus dans l’action que dans les constats, dans les perspectives plus que les bilans. D’où sa volonté de remettre en chantier – le mot « conclave a été utilisé – le dossier des retraites, parfaite concentration des angoisses nationales en matière de démographie et d’inégalités salariales. C’est le dossier majeur. En n’excluant aucune piste et en plaçant sans agressivité les partenaires sociaux devant leurs responsabilités, des avancées notables peuvent apparaître, voire des amorces de solutions transitoires. L’erreur, en ce domaine, serait en effet d’avoir la prétention de croire que l’on peut tout régler pour toujours.Â