Quelles sont les caractéristiques du département “banque privée” au sein d’une grande structure comme LCL ?
Il s’agit avant tout d’une équipe. Elle rassemble 800 personnes réparties sur 70 implantations géographiques, principalement dans les grands centres urbains, où sont installés nos “pôles banque privée”. Leur rôle est d’accompagner 135 000 clients particuliers dans leur approche patrimoniale en leur apportant une offre complète, tant pour ce qui concerne les activités bancaires courantes (tenue de compte, moyens de paiement, etc.) que pour la gestion optimisée de leurs liquidités, de leur épargne ou de leurs investissements. Compte tenu du fait que beaucoup de comptes concernent les membres d’une même famille, nous gérons en pratique 72 000 “relations”, ce qui fait de nous le deuxième intervenant sur le marché français avec 35 milliards d’euros d’actifs en gestion.
Avec le même interlocuteur, nos clients peuvent aussi obtenir des réponses à leurs besoins de financement. Nos experts (juristes, fiscalistes, ingénieurs patrimoniaux…) viennent en appui des conseillers pour résoudre les questions patrimoniales qui peuvent être liées par exemple à un héritage, une transmission d’entreprise ou la préparation d’une succession professionnelle pour les professions libérales.
Compte tenu de l’effectif global de la banque (environ 20 000 salariés), cette équipe semble en somme dédiée à “la clientèle haut de gamme”. Faut-il, par exemple, être assujetti à l’ISF pour bénéficier de son expertise ?
Il existe en effet des “critères d’éligibilité” pour être “client banque privée” mais ils ne sont pas cumulatifs. Etre soumis à l’ISF en est un sans constituer une obligation. Quelqu’un qui dispose de 300 000 euros d’épargne ou qui est à l’origine d’un flux créditeurs de plus de 250 000 euros peut également faire partie de notre clientèle. Notre force, c’est de disposer de tous les systèmes d’information, d’expérience et d’expertise d’une grande banque et de les proposer à un client sur un seul site, par l’intermédiaire d’un conseiller connaissant parfaitement sa situation patrimoniale.
Vous arrive-t-il d’accueillir des gagnants au loto ?
Bien entendu. Comme nous sommes une banque connue et implantée sur toute la France, il nous arrive de recevoir quelques heureux bénéficiaires du hasard…
Comment fait-on pour donner des conseils, notamment d’optimisation fiscale, dans des périodes de transition politique avec une législation par définition fluctuante ?
Nos équipes sont particulièrement attentives aux évolutions législatives et règlementaires. En anticipation, elles travaillent sur différentes pistes de manière à se trouver en situation de donner le meilleur conseil au bon moment. Notre rôle est aussi d’éviter les inquiétudes excessives.
Est-il vrai que les banques ayant pignon sur rue dans notre pays facilitent l’exil fiscal lorsque certains clients le souhaitent ?
LCL est une banque de détail qui intervient uniquement sur le territoire national et à ce titre notre priorité est d’accompagner nos clients particuliers, professionnels et entreprises. Lorsque ce type de question se présente, il nous appartient alors d’expliquer que des décisions de ce genre engagent au-delà du simple aspect financier des choses. Ce sont des “choix de vie” qui entraînent de nombreuses conséquences, familiales notamment, auxquelles on ne pense pas toujours.
En dehors de l’immobilier, l’épargnant français garde l’impression d’être souvent placé devant un choix pour l’essentiel limité aux livrets classiques et à l’assurance-vie. Le service “banque privée” lui offre-t-il d’autres perspectives ?
Nous avons développé des produits spécifiques pour nos clients. Mais le premier conseil que nous leur devons, c’est l’analyse de la structuration de leur patrimoine, en fonction de leurs attentes et de leurs projets. Disposer d’une épargne de précaution sur un livret et souscrire une assurance-vie s’inscrit dans la démarche initiale mais beaucoup recherchent aussi la meilleure optimisation fiscale possible dans un cadre légal. Quantité de supports – sur les entreprises innovantes, la forêt, etc.- présentent des avantages à ce sujet. Nous avons aussi une filiale, “Angle neuf”, qui permet d’investir dans la pierre de multiples façons : par l’acquisition de parts de SCI mais aussi de biens en nue-propriété…
En ce qui concerne la gestion de portefeuille, LCL Banque Privée a mis en place une offre de gestion conseillée qui permet à nos clients d’être contactés régulièrement.
Le doublement annoncé du plafond du livret “A” va-t-il entrainer des conséquences ?
La limitation des liquidités au service des banques peut constituer un frein à l’exercice de notre métier, qui consiste à capter des ressources pour les replacer sous forme de crédits auprès de nos clients. En dépit de certaines critiques, les banques continuent à être des acteurs majeurs de l’économie par les crédits qu’elles accordent aux particuliers et aux entreprises. L’évolution de nos encours l’atteste.
Redoutez-vous d’autres mesures ?
Nos échanges avec nos clients nous ont permis d’observer que des modifications de la fiscalité concernant la transmission des entreprises peuvent être “bloquantes” pour la fluidité économique et le renouvèlement des entrepreneurs. D’une façon générale, nous sommes attentifs à toutes modifications législatives qui peuvent avoir des impacts sur la situation patrimoniale de nos clients.
Les patrons de startup n’attendent plus de prendre leur retraite pour vendre leur affaire. Les entrepreneurs n’ont-ils pas changé ?
En réalité, il y a toujours eu des créateurs dans le commerce et l’industrie. La base de l’économie et de l’emploi en France repose sur un tissu de petites et moyennes entreprises qui réclame une attention particulière. Faciliter le renouvèlement des générations et la transmission des entreprises reste très important.
Est-ce qu’une “banque privée” peut aller jusqu’à la mise en relation entre des investisseurs et des personnes souhaitant céder leur entreprise ?
Au sein de LCL banque privée nous intervenons plutôt sur les aspects patrimoniaux. Nos conseils visent à favoriser la valorisation d’un patrimoine et à veiller à la bonne gestion de celui-ci.
Les épargnants français ont toujours eu un goût particulier pour les métaux précieux. Comment les incitez-vous à changer d’habitudes ?
Derrière la question des métaux précieux, il y a la notion de confiance. Elle est la base de notre métier. Dans la relation avec notre client, il importe que celui-ci puisse dire que sa banque lui inspire confiance. Face aux inquiétudes de nos clients, nous essayons de donner notre éclairage à partir des analyses des économistes du groupe. Nous leur démontrons que, en dépit des aléas cycliques, investir dans les activités économiques des pays développés demeure une orientation de placement fondée. Souvent, le savoir-faire des conseillers comme la qualité de leurs propositions suffisent à rassurer. Mais il peut arriver que l’irrationnel l’emporte et nous ne pouvons, en présence des clients souhaitant acheter des métaux précieux – aujourd’hui valorisés très haut – que les informer des risques qu’ils prennent.
Est-ce que vous n’êtes pas, du coup, “condamnés à l’optimisme” ?
Dans les limites du raisonnable, oui. L’Europe reste une zone riche, avec une population dont le pouvoir d’achat – même malmené – demeure élevé. Chaque jour des familles et des entreprises ont des projets et nous sommes là pour les aider à les réaliser. La base de notre métier, c’est bien d’accompagner nos clients.