L’audiovisuel français n’a qu’à bien se tenir. Après avoir entièrement remanié sa grille des programmes, LCP entame une rentrée offensive et ambitieuse. Décryptage de débats, documentaires en prime time et plateaux télés stimulants : pour Gérard Leclerc, président directeur général de la chaîne, cette remise à plat courageuse va surtout permettre d’instaurer de véritables rendez-vous quotidiens en offrant des contenus toujours plus qualitatifs.
Une « horizontalisation » des programmes
« Lisibilité, réactivité, attractivité ». C’est en appliquant cette règle de trois que la chaine parlementaire décide d’en finir avec les émissions « en manteau d’arlequin » pour débuter sa rentrée 2013. Après avoir vu son audience grimper en flèche – plus 14,8 millions de téléspectateurs chaque semaine et 130 heures d’écoute rien que pour le débat sur le mariage pour tous – « LCP est devenue une marque et a trouvé son identité ». C’est pourquoi Christophe Mouton, directeur Antenne et Programmes, a mis « l’exigence au cœur de la démarche » pour permettre à la chaine de remplir sa vocation essentielle de service public. Préférant la logique de l’offre à celle de la demande, c’est en véritable laboratoire qu’elle souhaite tenir la promesse de « voir la télé en grand ». En misant sur le documentaire aux heures de grande écoute, LCP s’impose comme le deuxième diffuseur en la matière, juste derrière Arte ! Beaucoup qualifieraient ce pari de « casse-gueule », mais Christophe Mouton y voit plutôt un moyen de fidéliser les téléspectateurs blasés par une offre télévisuelle abrutissante. Dans la même lignée avec « Grand Ecran », LCP réinvente le film du dimanche soir, toujours suivi d’un débat avec le réalisateur et présenté par Emily Aubry. Valse avec Bachir, Gomorra, Le Candidat sont autant de long-métrages porteurs de véritables problématiques, prévus au programme.
Bousculant les clichés et intégrant les enjeux numériques à son offre, la nouvelle grille s’ouvre à des écritures contrastées pour diversifier les points de vue et alimenter des débats sans concession. Si une journée dure 24 heures, c’est en maintenant le lien parfois difficile entre le citoyen et le politique qu’elle souhaite désormais dépasser la simplicité du « fast news ». Pour prendre le temps sans se laisser devancer.
La politique vue en 2.0
A l’heure où la télévision connectée entre progressivement dans les foyers français, LCP à son tour associe le contenu et la fluidité de l’internet avec le support de la télévision. Tenant compte de l’évolution des usages, elle renforce l’interactivité de son antenne en exploitant les potentialités du second écran. Bientôt, les téléspectateurs munis de tablettes pourront même accéder à de nouveaux contenus développés par l’émission « Ca vous regarde ». C’est dans cette même veine qu’ils peuvent transmettre leurs questions et leurs commentaires via twitter dans le cadre de « Parlement’air » et prendre part aux temps forts de l’Assemblée. Télévision, radio, toile et marketing politique, le programme « Mediapol » s’engage quant à lui à décortiquer les règles de la communication des élus ainsi que leurs modes d’influence. Au chapitre des nouveautés également, « Politiques » revient avec une formule inédite dévoilant un regard sur le quatrième pouvoir en trois temps. Entretien intimiste, puis débat entre deux invités sur un grand sujet de société et enfin un peu de culture : autant dire que ce rendez-vous d’une heure mené à la baguette par Serge Moati passera comme un éclair.
Revisitée, démontée puis remontée, la grille LCP a su se régénérer en conservant sa vocation citoyenne essentielle. Si de plus en plus de Français se lèvent depuis quatre ans en compagnie de Patrick Chêne – aux commandes de « Politique matin » –, c’est en partie parce que « tous les ministres actuels sont un peu nés » chez LCP, selon le journaliste. Ainsi présenté, il suffit de se munir de sa télécommande pour voir éclore les grandes figures politiques de demain. Et de se faire sa propre opinion en composant le canal 13.