Dans un contexte d’incertitude économique forte, les Français qui souhaitent investir dans la pierre se posent de plus en plus la question de l’évolution des prix de l’immobilier. De fait, certaines grandes agglomérations – Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice – ont enregistré un net ralentissement de la hausse des prix qui a caractérisé ces dernières années. Entretien avec Thomas Abinal, co-fondateur de Monetivia.
Dans un contexte d’incertitude économique particulièrement forte, peut-on toujours considérer l’immobilier comme une valeur refuge ?
Absolument, l’immobilier reste une valeur refuge, et encore plus en temps de crise, car il s’agit de biens tangibles, synonymes de sécurité pour les investisseurs et les épargnants. Par ailleurs, ces derniers comprennent bien l’économie de cet investissement. Tout le monde comprend que se loger demeure un besoin vital pour chacun d’entre nous, en échange de quoi l’on accepte de payer un loyer, ce qui in fine assure une rentabilité aux investisseurs en immobilier.
La crise de la Covid-19 amène-t-elle une baisse des prix durable sur le marché de l’immobilier ?
C’est la grande question du moment ! On assiste probablement au début d’un nouveau cycle si l’on se fie à l’arrêt de la hausse des prix un peu partout en France, qui s’accompagne d’une nouvelle donne économique. Avec la crise sanitaire, les revenus des Français sont clairement orientés à la baisse. Les revenus locatifs vont donc logiquement souffrir, or ils sont l’un des fondements de la valeur d’un bien. Si les revenus locatifs souffrent durablement, cela entraînera logiquement une baisse des prix. L’évolution des taux d’intérêt est aussi à surveiller. Tant qu’ils restent très bas, cela limitera les pressions à la baisse sur les prix.
L’immobilier reste une valeur refuge.
Quelles sont les villes les plus concernées par cette tendance ?
La pression à la baisse des prix sera la plus forte là où l’offre de logements est la plus abondante et où l’activité économique sera la plus touchée par la crise actuelle. Les derniers baromètres de prix publiés indiquaient de premières baisses de prix à Paris, Lyon, Bordeaux, Montpellier ou encore Toulouse et Nice…
Pensez-vous que c’est le bon moment d’acquérir un bien dans la conjoncture actuelle ?
Il n’y a jamais de bon moment. Si on cherche tout simplement à acheter pour se loger, alors il n’y a pas vraiment de « meilleur moment ». Si l’on cherche à investir pour le long terme, dans une optique d’épargne-retraite ou de constitution de patrimoine, là encore le « meilleur moment » relève d’une approche très théorique, car sur le long-terme les cycles ont finalement peu d’importance. Dans les deux cas, l’important reste de s’assurer que le bien est de qualité, est à un prix de marché et que le projet est financé de façon réaliste.
Achetez à long terme.
Va-t-il y avoir une explosion de la bulle immobilière selon vous ?
J’en doute puisque la France connaît toujours une croissance du nombre des ménages, ce qui conduit à une demande en logements assez forte. Sans oublier des taux d’intérêts qui restent relativement bas. Par ailleurs, beaucoup d’investisseurs ne sont pas à l’aise avec les placements financiers et sont rassurés par la pierre. Autant de raisons qui portent à croire que la bulle immobilière ne risque pas d’exploser de sitôt !
Comment appréhendez-vous les évolutions du marché à moyen terme ?
Je pense que les banques centrales ne vont pas pouvoir se permettre de remonter les taux dans les années qui viennent, ce qui continuera à soutenir les prix. Dans tous les cas, achetez pour le long terme, pas à un horizon de 5 ou 10 ans.
Propos recueillis par Pauline Pouzankov
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