Quelles conséquences faut-il tirer, en France et en Europe, de la sortie de la Grande-Bretagne ?
D’abord, il faut une négociation ferme et intelligente de la nouvelle relation avec le Royaume-Uni. Ils ont décidé d’être dehors, c’est leur choix. Pour autant, il est d’intérêt mutuel, sur le plan économique, stratégique, culturel et politique, de construire une relation saine.
Surtout, le Brexit pose plus que jamais la question de la refondation de l’Europe, sans précipitation mais avec beaucoup de fermeté. En réalité, je pense que l’Europe n’a pas été tant défaillante dans ses compétences, même si leur révision, ainsi que l’allégement des contraintes et la fin de l’hyper-réglementation sont indispensables. Il y a d’importants et d’urgents progrès à faire sur ce terrain là, mais rien d’impossible. Ce qui est plus difficile à réformer, c’est sur ce que l’Europe ne fait pas, alors qu’elle devrait être nécessaire.
Quels sont les enjeux principaux auxquels l’Europe doit faire face ?
Ils sont clairs : la question des frontières et de l’immigration. Ce sont des enjeux difficiles, car ils touchent à la souveraineté des pays membres. Parler de subsidiarité est indispensable dans la révision des compétences actuelles et l’amélioration de l’Europe : quand elle n’est pas efficace, il faut revenir au local. La réciproque est vraie, dans un certain nombre de problèmes que les pays rencontrent, comme la gestion des frontières : l’Union européenne doit être présente
au sein des débats.
Etes-vous dans la lignée gaulliste sur une Europe des nations ?
Les nations ont leur importance, comme la cohésion européenne. Je pense que cette synergie est vitale. Je suis favorable à un référendum européen, sans urgence, sur un projet bien défini pour fonder une Europe basée sur un consentement populaire. Le référendum est la manière la plus démocratique qui soit. En France, depuis le “non” au referendum de 2005 sur la Constitution européenne, auquel j’avais voté “oui”, j’ai l’impression qu’il y a un “kyste” sur les questions européennes, les Français pensent que quoi qu’ils disent leur vote ne sera pas respecté.
Nicolas Sarkozy, dans le JDD du 26 juillet proposait la création d’un gouvernement euro-Schengen II, qu’en pensez-vous ?
Il faut que nous ayons une gestion précise des choses. Quand on parle de gouvernement de cette zone, on touche à des questions extrêmement délicates, sur lesquelles aujourd’hui personne n’a les idées tout à fait claires. Cela demande beaucoup de travail à tous. Cela amène à se demander, je le répète, à trouver le bon équilibre entre souveraineté nationale et responsabilité européenne.