A l’approche des festivités de fin d’année, les villes et villages de France revêtent eux aussi leurs plus belles parures. Mais derrière la magie apparente, les collectivités doivent désormais faire face à une réalité à la fois budgétaire et écologique.
Des coûts, mais pas d’excès
Entre 100 000 et 700 000 euros : c’est la somme que dépenseraient en moyenne les grandes villes pour arborer leurs décorations de fin d’année, selon la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). A savoir que la consommation électrique en elle-même a largement diminué avec l’emploi quasi exclusif des LED pour les illuminations. En revanche, ce sont les coûts de pose, de dépose, la location ainsi que le stockage qui font gonfler la facture des municipalités. A Tours par exemple, la dépense énergétique ne représente que 2 500 euros, contre 170 000 euros pour l’installation, a confié la mairie aux journalistes de France Bleu.
Au-delà de l’ambiance propre aux préparatifs et à l’Avent, les illuminations demeurent surtout un véritable levier économique pour les territoires. Certains commerces jouent gros entre mi-novembre et mi-décembre et réalisent près d’un tiers de leur chiffre d’affaires annuel sur ces deux mois charnières. Ajaccio, Strasbourg ou Lyon attirent ainsi de nombreux visiteurs européens, dont les déambulations au gré des marchés de Noël prolongent le temps passé en centre-ville. La crise énergétique de 2022 et les considérations environnementales imposent néanmoins de repenser et concevoir autrement cette atmosphère hors du temps.
Illuminer l’hiver, sans faire flamber la planète
De plus en plus, la sobriété s’invite à la fête. La plupart des villes ont donc raccourci la durée d’allumage – souvent du 15 décembre au 10 janvier – en optant pour des luminaires plus efficients. À Grenoble, cette réduction des plages horaires a permis 30% d’économies d’énergie sans entraver l’esprit de Noël. Les scénographies intelligentes, pilotées à distance, deviennent-elles aussi la norme, tout comme les décorations, modulables ou réutilisables, qui remplacent astucieusement le jetable. Certaines communes vont encore plus loin et voient dans la mutualisation du matériel entre villes voisines la possibilité de réduire la note sans rien gâcher au plaisir.
A l’heure des restrictions budgétaires, se pose aussi la question d’orienter ces dépenses vers des causes jugées plus essentielles, d’intérêt et de santé publique notamment. Plusieurs associations suggèrent aussi de redéployer une partie des budgets vers des actions sociales de saison, comme la distribution de repas chauds, la création d’abris temporaires ou le financement de logements éphémères pour les personnes sans domicile fixe.
A l’échelle d’une grande ville, réaffecter ne serait-ce que 100 000 euros permettrait de distribuer jusqu’à 25 000 repas ou d’équiper plusieurs dizaines de modules d’hébergement d’urgence. Un équilibre difficile à trouver entre la symbolique des traditions et la réalité des besoins quotidiens.
Car au-delà de l’effet visuel, ces transformations traduisent surtout une évolution plus profonde du rapport à la lumière publique. Sous l’impulsion d’organisations comme l‘Association Nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN), les collectivités repensent aujourd’hui leurs pratiques en les axant sur trois aspects indissociables. D’une part, la limitation de la durée d’éclairage passé minuit, l’abandon des lumières trop froides, tout en mettant l’accent sur des matériaux recyclables.
Une démarche de bon sens qui s’inscrit pleinement dans la transition écologique, avec l’accélération du développement des EnR, défendue par 68% des Français selon un sondage Ifop, paru le 28 mai dernier.

