Cultivée depuis plus de 7000 ans dans les Andes et nourriture de base des Incas, il aura fallu attendre 2013 pour que les vertus du quinoa soient révélées au grand public. Qualifiée de « graine d’or » par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ses qualités dépassent de loin son remarquable intérêt nutritionnel. Riches en fibres, en protéines et réunissant l’ensemble des acides aminés essentiels que le corps humain ne parvient pas à produire lui-même, cette pseudo-céréale a aussi l’avantage de pouvoir pousser dans les zones semi-arides et jusqu’à 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un véritable graal en somme. Alternative intéressante aux pâtes et au riz, elle remplace avantageusement la viande dans les régimes végétariens et gagne en popularité à l’heure où la crise alimentaire mondiale devient de plus en plus redoutée.
 Problème global, réponses multiples
Il en va de même pour l’eau, la demande augmentant fortement alors que les ressources de la planète se font de plus en plus rares. Source de vie et droit fondamental pour chacun, pollution et surexploitation privent pourtant près d’un milliard de la population mondiale à son accès en menaçant des éco-systèmes à l’équilibre déjà très fragile. C’est pourquoi les Nations-Unies souhaiteraient célébrer son pouvoir fédérateur en 2013 au travers de coopérations qui mettraient en lumière la compréhension commune des défis et des besoins liés à l’eau. Et pas seulement sur le plan géographique.
Sur papier, les modalités paraissent a priori très simples. Mais si la FAO, (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a lancé un programme de trois ans pour encourager l’utilisation du quinoa et désignant le président bolivien Evo Morales comme « ambassadeur spécial », les conditions actuelles permettent-elles vraiment de faire de cette graine une réponse à la faim dans le monde ? Premier exportateur de quinoa avec plus de 48 500 tonnes annuelles pour 95 000 hectares, la Bolivie représente plus de 70% du marché mondial. Un bilan encourageant si une grande partie de la production ne partait pas en contrebande dans d’autres pays d’Amérique latine comme le Pérou. Sans compter que la « graine d’or », très demandée en Occident, devient de moins en moins abordable pour les habitants locaux qui sont pourtant les premiers concernés. Pire encore, d’après la nutritionniste Maria Julia Cabrerizo (hôpital de Clinicas), dans les régions productrices, « la malnutrition chez les enfants a augmenté en même temps que la culture de cette graine ».
 Des perspectives ambitieuses
C’est pourquoi de nouvelles expérimentations commencent à voir le jour, notamment en France dans le Val-de-Loire où la société Biograins Vert Anjou a déjà créé des filières d’emploi prometteuses, stimulant l’agriculture comme la valorisation de circuits courts. Preuve de son succès, les surfaces exploitables ont même doublé entre 2009 et 2010, atteignant une capacité de 200 hectares.
En plein essor, le quinoa compte bien pousser plus vite encore. Et plus loin. Car l’année 2013 sera l’occasion pour la Bolivie de conquérir de nouvelles parts de marché, l’Asie et le Moyen-Orient représentant les prochains acheteurs potentiels. A cette allure, le « chisiya mama » (« mère de tous les grains » en quechua) pourrait bien concurrencer le blé et peut-être même contribuer à réduire l’impact environnemental. Car la « graine d’or » a plus d’un miracle dans son sac.
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