“Je suis corps tout entier et rien d’autre”. Cette déclaration de Zarathoustra ne pourrait mieux convenir à une époque où l’idéal physique s’est imposé comme le nouveau Graal. Embelli, rajeuni, surentrainé et sans cesse tiré à quatre épingles, c’est désormais en lui que l’humanité recherche son salut anatomique. Gare à celui qui serait en échec ! Car à l’heure où les publicitaires multiplient les clichés de silhouettes sculpturales, le moindre écart cristallise ni plus ni moins la pire des hérésies. “On peut, et l’on doit même, avoir le corps que l’on veut, sans tenir grand compte des limites naturelles. Chacun sait, les hommes et les femmes politiques mieux encore que les autres, qu’une apparence négligée desservira le propos”. Autant dire que la fin (faim ?) justifie les moyens pour maintenir la “lipophobie” d’un corps avec 0 % de matières grasses “qui pourra en quelque sorte manger sans avoir à digérer”. Un déni de la chair paradoxal venant d’une société qui n’a jamais été aussi obsédée par sa propre image. Partant de la “divinisation du corps” prédite par Friedrich Nietzsche, le dernier essai de Yannis Constantinidès livre un regard pointu sur une humanité dont le fétiche a fini par bouleverser le rapport à soi-même. De quoi détourner le lecteur de son nombril…
Le nouveau culte du corps
Yannis Constantinidès
François Bourin Éditeur
192 pages
20€