EADS, des ailes en vogue
Si l’Europe est devenue championne de l’aéronautique en l’espace de dix ans, c’est pour une très large part grâce au succès de son leader industriel EADS (European Aeronautic Defence and Space Company). Créé le 10 juillet 2000 par la fusion de l’allemand Daimler Chrysler Aerospace AG, du français Aérospatiale Matra et de l’espagnol CASA, le groupe devient dès 2006 le deuxième fabricant mondial d’aéronautique et de défense derrière Boeing, son éternel concurrent. Premier constructeur d’avions au monde avec la filiale Airbus, EADS est aussi le numéro un mondial dans les domaines de l’hélicoptère civil (Eurocopter), du lancement de satellites (Arianespace) et de missiles militaires (MBDA). Ainsi s’explique pourquoi lui a été confiée la tâche de construire l’Airbus A400M Atlas, un avion de transport militaire de pointe qui devrait entrer en service d’ici 2014. Ravitailleur et ravitaillable, ce cargo est conçu pour évoluer dans un environnement hostile en mettant en œuvre des modes d’action typiquement militaires, comme le posé d’assaut ou le parachutage. Un concentré d’innovations.
En tant que symbole de coopération bilatérale, EADS a dès le départ mis en place une coprésidence franco-allemande avec Jean-Luc Lagardère et Manfred Bischoff au conseil d’administration et Philippe Camus et Rainer Hertrich en présidents exécutifs… Ce système n’a pourtant pas empêché Paris et Berlin de se soupçonner mutuellement de vouloir prendre le contrôle du groupe en 2012 alors que Thomas Enders venait remplacer le français Louis Gallois à la présidence exécutive. Ne s’agissant pas de la première querelle bilatérale venue envenimer l’histoire du groupe, EADS a décidé de voler de ses propres ailes en réduisant l’influence des actionnaires et en nommant à son conseil d’administration Denis Ranque, l’ancien PDG de Thales. Une étape d’indépendance décisive qui devrait tenir encore longtemps le leader européen à l’écart de la crise.
Arte, la chaîne qui allume l’Europe
Si la légende veut qu’Arte soit la chaîne préférée (mais pas la plus regardée !) des Français, sa création relève avant tout d’un projet ambitieux : celui d’initier une culture commune des deux côtés du Rhin. Lancée le 30 mai 1992 au lendemain de la réunification allemande, sa stratégie misait sur une programmation foisonnante pouvant s’adresser aux intellectuels comme aux zappeurs en série. L’humour de Voltaire uni à la grandeur de Goethe ? Émission de contre-culture, parodies, documentaires animaliers, cinéma d’auteur et plateaux-débats politiques, Arte ne fait l’impasse sur aucun divertissement mais peine pourtant à relever les pics d’audience attendus. À tel point que vingt ans plus tard, la chaîne souffre encore d’une image élitiste ou même ringarde, alors que sa version web est aujourd’hui le deuxième site de chaîne télé le plus visité en France selon Canal+. En réalité, ce paradoxe n’en est pas un, puisque cette « télévision de rattrapage » a l’avantage de s’affranchir des pauses publicitaires et des contraintes liées aux heures de diffusion, avec des productions disponibles gratuitement pendant sept jours. Cette pionnière d’internet propose par ailleurs des formats exclusifs, comme Arte Creative, une plateforme dédiée aux genres les plus avant-gardistes de l’art contemporain, entre street art, jeu vidéo, design et photographie. Souhaitant renouveler son image et conquérir un public toujours plus large (et plus jeune), la chaîne franco-allemande s’est même mise à l’heure de la pop culture et des nouvelles générations de blogueurs. Avec un magazine musical (Tracks) depuis longtemps dédié aux cultures émergentes et alternatives, elle enrichit désormais son contenu de web-reportages qui déconstruisent la narration et la chronologie classique du documentaire, pour le grand bonheur des internautes. Longtemps cataloguée « d’intello », Arte fait pourtant partie de ces rares chaînes en mutation constante et s’offre une nouvelle jeunesse pour démarrer 2013. Fidèle à son credo.