L’échec de François Bayrou signifie-t-il la fin du centre ?
Pas du tout. On ne gomme pas d’un revers de la main les philosophies politiques : la démocratie-chrétienne, le radicalisme, les réformateurs, le gaullisme social… Même si elles ne s’expriment pas toujours à travers une organisation politique, ces philosophies font partie intégrante de la culture politique française. Elles servent de références alors qu’apparaissent, au sein de l’UMP, une Droite populaire, une Droite forte, une Droite sociale, etc. Celles-ci veulent se différencier, mais apportent surtout du trouble et de la confusion, au risque de compromettre dans l’électorat l’étanchéité entre la droite et le Front national. Il y a donc une obligation d’un centre pour équilibrer la droite.
Est-ce à dire que les centristes de l’UMP ont échoué à exister ?
Il faut reconnaître que l’équilibre souhaité n’a pas pu exister intra-UMP et que
les élections du printemps dernier nous ont donné raison sur les dangers d’une majorité hémiplégique. Il y a donc une urgence – centrale ! – à mettre en place une organisation politique qui défende ses valeurs républicaines, humanistes, sociales et farouchement européennes.
Le projet vise-t-il à recréer l’UDF ?
On ne refait jamais la même chose, mais la création du groupe UDI (Union des démocrates et des indépendants) à l’Assem- blée nationale, après les législatives, préfigure cette formation politique. Présidé par Jean-Louis Borloo et fort de 29 députés, il est le réceptacle naturel de gens venus d’horizons différents. Personnellement, je pense qu’il faut forcer l’allure.
Pourquoi accélérer ?
Il y a, dès 2014, des élections importantes : les européennes et les municipales. Il y a un tel besoin d’Europe que cette force centrale doit être le mouvement le plus pro-actif au service de l’Europe. Quant aux élections locales, elles doivent être l’occasion d’une reconquête politique par la base. La République des territoires existe ; elle ne doit pas être éloignée ou opposée à la République d’en haut.
Cette force centrale récuserait-elle le “ni gauche ni droite” de François Bayrou ?
Cela a été affirmé à l’Assemblée nationale comme au Sénat. Nous sortons de l’ambiguïté et affirmons clairement que nous sommes dans l’opposition. Mais dans une opposition tolérante qui va proposer et si, d’aventure, une question d’intérêt national se pose, elle sera regardée objectivement. Ce qui n’empêchera pas le président de ce centre d’être compétiteur dans le cadre d’une primaire présidentielle ou candidat à la présidentielle, selon les circonstances.
Quel statut doit avoir cette force centrale ?
Je suis pour une fédération et non pour une confédération. Le Parti radical continuera à jouer son rôle, mais il pourra y avoir des adhérents directs. Jean-Louis Borloo a choisi la rentrée pour faire des propositions fortes dans le sens d’une structure ouverte qui puisse accueillir ceux qui pourraient se désespérer de la politique. Il a envie de la présider, ce qui signifie un autre président – ou une autre présidente – pour le Parti radical.
L’introduction d’une dose de proportionnelle peut-elle favoriser cette force centrale ?
Je pense que cela peut être un atout. Nicolas Sarkozy l’avait aussi envisagé, mais il y a des oppositions fermes, dans la majorité présidentielle comme à l’UMP. Reste que le mode de scrutin ne règle pas tout. Il ne dispense pas de réfléchir sur ses valeurs, sur son projet politique, sur le renouvellement des élus, sur le travail de proximité à entreprendre à l’égard de nos concitoyens.