Pour le deuxième « grand oral » de sa législature, le locataire du Perchoir a choisi de s’exprimer devant l’Association des journalistes parlementaires sur les changements qu’il souhaiterait conduire au coeur du Palais Bourbon.
Un président aux multiples casquettes. C’est ainsi que l’on pourrait définir François de Rugy, qui a connu « à peu près toutes les situations possibles pour un député » avant d’accéder aux commandes de l’Assemblée nationale. Elu de l’opposition, de la majorité, d’un grand groupe comme d’un petit, co-président d’EELV avec Barbara Pompili mais aussi membre du bureau pendant près de 5 ans : autant d’étapes qui lui ont permis de comprendre les ficelles du fonctionnement du Palais Bourbon, y compris dans sa partie la moins visible. Aujourd’hui, c’est avec l’ambition de « transformer l’Assemblée nationale » qu’il souhaite marquer sa législature.
« Le Parlement jouera son rôle par l’évaluation »
Le défi n’est pas mince et il en est bien conscient : « avoir cinq groupes d’opposition, c’est assez nouveau, avec toute une palette de positionnements » qui amènent parfois des échanges très vifs. Si François de Rugy s’attache à « veiller au bon déroulement des débats », il estime toutefois que « le fait qu’ils soient apaisés ne dépend pas beaucoup de lui ». Dénonçant « un folklore dont on se passerait bien et qui ternit parfois l’image » de l’hémicycle, il s’est pourtant posé en défenseur de la liberté d’expression – avec les bavures qui peuvent en résulter – plutôt qu’en faveur de la mise en place d’une « police » de la parole. Il se félicite en ce sens d’avoir renforcé le rôle de la déontologue de l’Assemblée, Agnès Roblot-Troizier, qui a déjà été alertée de plusieurs cas, parfois même par des citoyens. C’est dans le même état d’esprit qu’il entend traiter « tous les députés de la même manière » à propos des levées d’immunité parlementaire.
« Nous ne sommes pas dans une crise de régime »
Questionné sur la légitimité du travail parlementaire en raison du fort taux d’abstention lors des dernières législatives, le président de l’Assemblée a rétorqué ne pas accepter la remise en question de son institution, y compris par les députés. « Personne ne peut s’auto-proclamer porte-parole des abstentionnistes », a-t-il affirmé, ajoutant que manifester dans la rue est un mode d’expression qui n’est pas « supérieur à la légitimité électorale ». Comme en clin d’oeil à la France Insoumise…
« L’obstruction ne valorise pas le travail parlementaire »
Quant à la réforme de l’Assemblée, le locataire du perchoir a assuré qu’elle se préparera tout au long de l’année. Baisse du nombre de parlementaires, limitation du cumul des mandats et introduction d’une dose de proportionnelle sont au programme. S’il n’est pas opposé à une révision du format des Questions au gouvernement, François de Rugy maintient qu’elles auront toujours lieu deux fois par semaine quand bien même l’exécutif souhaiterait qu’il y en ai moins. Soulignant qu’il s’agit d’une « interpellation directe » retransmise à la télévision, qui permet de rapprocher les députés de leurs concitoyens. En ce sens, le président a maintenu qu’il « faut plus de travail des députés sur l’évaluation du travail du gouvernement », surtout à l’heure où les Français reprochent au Palais Bourbon de « débattre sans décider ». S’il est encore un peu tôt pour évaluer leur jugement sur le travail parlementaire mené depuis quelques mois, François de Rugy espère bien « bâtir une Assemblée nouvelle pour 2022 ». Sans pour autant projeter de s’y représenter à la prochaine législature.
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