Les bonnes intentions ont parfois l’effet inverse, comme il arrive qu’un patient contracte une maladie dans une clinique censée avant tout le soigner. Véritable problème de santé publique, les scandales médiatiques liés aux infections nosocomiales ne cessent de creuser la méfiance de l’opinion envers le corps médical. Les enquêtes de surveillance ont beau montrer des résultats encourageants, “lorsque l’infection se produit, c’est un taux de 100 % pour le patient” : c’est ce qu’affirme le docteur Jean Michel Guyot dans son dernier ouvrage, (Les infections nosocomiales, une histoire sans fin ?). Erreur ou injustice insoutenable pour les malades, selon les professionnels de santé, ces contaminations remettent avant tout en cause le principe même d’évitabilité (la transmission était-elle vraiment incontournable ?).
La stérilisation du matériel était-elle suffisante ? Est-ce la qualité de l’eau, de la restauration, ou encore l’aération des locaux qui est en cause ? Peut-être le personnel médical a négligé les précautions d’hygiène ? La multiplicité des facteurs et des modes de transmission rend parfois impossible l’identification de l’étape à laquelle l’infection s’est produite. Car malgré le respect de normes sanitaires très strictes, les établissements de santé restent de véritables nids à bactéries où certaines infections, par leur nature, sont plus prévisibles que d’autres. Parmi les plus fréquentes comptent notamment les contaminations urinaires, pulmonaires, ou bien contractées en site opératoire. Sont souvent évoquées en tête : les bactériémies nosocomiales liées aux cathéters veineux centraux (18 à 25 % selon l’Institut de Veille Sanitaire), alors qu’en réanimation – où la majorité des malades en porte – les taux d’infection restent très bas.
De son côté, le patient peut lui-même être porteur d’une bactérie acquise antérieurement à son admission. De nombreux drames auraient ainsi pu être évités si les précautions exigées lors des douches désinfectantes (préalables aux opérations et souvent effectuées à domicile) avaient été respectées. Sans compter les mécanismes de résistance créés par l’absorption d’antibiotiques lors de traitements post-opératoires, eux-mêmes renforcés par les antibiothérapies qui aboutissent souvent à la création de bactéries encore plus tenaces. Néanmoins, si les parts de responsabilité restent difficiles à définir, c’est souvent le corps médical qui subit les retombées lors des épidémies, la plus symbolique étant celle de la légionnelle dans un hôpital parisien en 2 000.
“Dans tous les cas, blâmer les professionnels qui participent, de près ou de loin, à la prise en charge des patients ne sert à rien d’autre qu’à les démotiver, alors qu’ils font un travail honorable et le plus souvent d’excellente qualité.” explique le docteur Jean-Michel Guyot dans son livre. D’autant plus que les infections nosocomiales ne touchent pas uniquement les patients. Côté personnel, il s’agit dans la plupart des cas d’AES (accidents d’exposition au sang) survenant lors de manipulations délicates qui concernent les hépatites B et C ainsi que le VIH.
Si les moyens de lutte contre les infections nosocomiales se voient aujourd’hui constamment renforcés (les objectifs du programme pluriannuel du ministère de la Santé pour 2009-2013 prévoient une diminution d’un quart du taux d’incidence des infections de site opératoire), le risque zéro quant à lui ne pourra jamais être garanti. Non seulement en raison de la multiplicité des causes possibles de la contamination, mais aussi parce que le facteur humain, par son essence même, implique une marge d’erreur éventuelle. Marge d’erreur qui incite d’autant plus au développement prioritaire des dispositifs de formation des professionnels à la prévention.
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