La mairie de Courbevoie (Hauts-de-Seine) a annoncé le 31 janvier avoir lancé un processus pour réaménager son centre-ville. La pierre angulaire de ce projet : un nouveau centre commercial Charras, devenu vieillissant et peu accueillant au fil des années. Les riverains et commerçants poussent un soupir de soulagement et espèrent que le projet aboutira.
Il est de ces personnes dont on se dit qu’elles ont été belles, dans le temps. Tel est aussi le cas du centre commercial Charras (Courbevoie), situé à deux pas de La Défense. La transformation de cette ancienne caserne date de 1969. Après son âge d’or, le bâtiment a vieilli dans l’ombre du gigantesque complexe des Quatre Temps, éloigné de moins de deux kilomètres. 70 des 85 boutiques qui lui donnaient vie ont désormais fermé. Enclavé et peu visible de l’extérieur, certains nouveaux habitants de la ville ne connaissent même pas son existence. À l’intérieur, les allées blanches et aseptisées donnent une impression de lendemain de fête.
« Pour la première fois, tous les interlocuteurs sont réunis »
L’annonce du réaménagement de ce centre commercial était donc au centre des attentes. Dans le passé, plusieurs projets ont été avortés. Le maire (Les Républicains) de Courbevoie, Jacques Kossowski, l’explique : « La différence est qu’aujourd’hui, pour la première fois, tous les interlocuteurs sont réunis autour d’une table ». Parmi eux, la société Desjouis, qui vient de racheter l’édifice. Moins « rouleau-compresseur » que son prédécesseur le groupe Klépierre, le PDG Nicolas Desjouis assure que sa société accordera toute l’attention nécessaire à la réalisation des travaux. « Peut-être que le projet n’était pas assez gros pour intéresser Klépierre. Mon entreprise est différente, familiale. Je m’implique, je me rends très régulièrement sur place » affirme-t-il.
La date de livraison du Centre Charras est prévue pour 2022, ses aménagements extérieurs (halle de marché et parking) pour 2019. L’ensemble constituera le nouveau centre-ville de Courbevoie : végétalisé, accueillant et respirant. Le promoteur Nicolas Desjouis analyse : « La seule chose qui ne s’est pas démodée dans le commerce, ce sont les centres-villes ».
AccorHotels, propriétaire de l’hôtel Mercure La Défense (complexe de 507 chambres situé à Courbevoie) et la société Carrefour Market, se réjouissent des changements à venir. Hors de question que leur dynamisme soit enrayé par l’allure ronflante du centre Charras. Grâce à cette opération, le maire espère quant à lui revaloriser le patrimoine immobilier alentour.
Les commerçants se languissent
L’élu tient à préciser qu’il restera « très attentif à l’avenir des commerçants indépendants du centre ». Car leur futur reste flou. Si les propriétaires de boutiques se réjouissent de ce réaménagement, certains regrettent de ne pas avoir été davantage consultés pendant l’élaboration du projet. Pour beaucoup, les inquiétudes demeurent. Où seront-ils déplacés pendant les travaux ? Dans quelle mesure leurs charges augmenteront-elles ? Le projet aboutira-t-il bel et bien cette fois ? Comment survivre jusqu’à la date de livraison alors que l’affluence du centre se réduit de jour en jour ? Autant de questions qui devront trouver une réponse, afin que le projet porte sans encombre des fruits tant attendus.
Image en Une : Projection de ce que sera la future halle du marché Charras, prévue pour 2019. © Cabinet Croixmariebourdon