Surprise générale. Alors qu’elle l’avait refusé en commission il y a un mois, l’Assemblée nationale a voté jeudi 12 janvier pour la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs à partir de 2018.
Contre toute attente, l’Assemblée nationale a adopté la mesure phare de la proposition de loi « relative au respect de l’animal en abattoir », soit l’obligation d’installer des caméras dans toutes les zones où des animaux vivants sont manipulés. Une affaire qui semblait pourtant « mal engagée » au vu des débats ardus qu’elle avait suscité en commission des affaires économiques, pour finir retoquée le 14 décembre dernier. Les élus avaient en effet reproché au contrôle vidéo de mettre trop de pression sur les employés ainsi que son coût. Un argument « ridicule » pour le député LR Jacques Lamblin : « un abattoir peut couter une vingtaine de millions d’euros, 100 ou 200 000 euros d’installation, ce n’est pas le sujet. »
Un dispositif « équilibré » et « efficace »
Jugeant qu’il n’était « pas possible d’en rester là », le rapporteur Olivier Falorni a donc proposé un amendement pour dissiper les inquiétudes exprimées, assurant que « la finalité exclusive de cette installation est la protection animale ». Ainsi, les directions d’établissement ne pourront plus avoir accès aux images comme c’était initialement prévu : seuls les services vétérinaires et les responsables de protection animale en auront le droit. De quoi rassurer les salariés qui craignaient que les vidéos puissent être exploitées à d’autres fins. Conservés au maximum un mois, les enregistrements pourront toutefois être utilisés en formation si une autorisation collective l’autorise.
La vidéosurveillance fera l’objet d’une expérimentation préalable cette année dans les établissements d’abattage qui se porteront volontaires, pour devenir obligatoire à partir du 1er janvier 2018. L’opinion publique y est quant à elle massivement favorable, à 85% d’après un sondage Ifop réalisé en octobre. Adopté par 28 voix contre 4, cet amendement risque toutefois de menacer les petits abattoirs d’après certains députés de droite et du centre.
Un contrôle désormais « irréversible » ?
Olivier Falorni en est certain : « nous avons franchi un grand pas ce soir ». Si les députés ont dénoncé unanimement la souffrance dans les abattoirs, la proposition de loi doit encore être examinée au Sénat. Dans tous les cas, la cause animale bénéficie désormais d’« un avocat déterminé et responsable » à en croire le député MDP Jean-Noël Carpentier.