Dans votre livre Ne vous résignez pas !, vous affirmez que « le problème est en France. La solution aussi. » Quelles solutions pourraient d’après vous relever le pays ?
Un changement radical de la manière de faire de la politique avec le non cumul des mandats, leur limitation dans le temps, la démission obligatoire des hauts fonctionnaires élus et évidemment la réduction du nombre de parlementaires pour passer à 348 députés et 210 sénateurs.
Un changement radical dans la façon dont nous considérons le travail dans notre pays. 2007 devait marquer le retour de la valeur travail ; malheureusement ce fut une occasion manquée avec une hausse du chômage, des impôts et des déficits publics. C’est pour cela que je propose la création d’emplois rebonds pour permettre le retour à l’emploi de celles et ceux qui en sont le plus éloignés en cumulant RSA et les revenus d’une activité plafonnée à 20h de travail hebdomadaire pendant un an. Un emploi vaut toujours mieux qu’un chèque.
Un changement radical dans la définition du rôle de l’Etat qui doit être recentré sur ses missions régaliennes de protection des Français, doit laisser les entreprises se développer et renouer avec une société de la solidarité où l’Etat cesse de dissimuler ses renoncements et abandons derrière toujours plus de subventions qui deviennent de véritables pièges à pauvreté.
Vous avez promis de supprimer l’ENA, la grande école de l’administration, si vous êtes élu président en 2017, tout en affirmant que « la haute administration doit reprendre sa juste place ». Comment ses serviteurs seraient-ils désignés ?
Je veux remplacer l’ENA par une école d’application ouverte aux hauts fonctionnaires les plus méritants qui, après dix ans de service, souhaitent progresser dans leurs carrières mais aussi à des profils à haut potentiel issus du secteur privé , qui recevront une formation correspondante aux besoins de l’administration. Je souhaite aussi que cette nouvelle école devienne le lieu de la formation continue des cadres supérieurs de l’Etat mais aussi de recherche et d’innovation pour permettre à notre administration d’être la plus en phase possible avec les évolutions du monde contemporain.
L’Etat devrait laisser les collectivités libres.
En quoi l’ENA n’est-elle plus adaptée aux exigences du « monde nouveau » auquel vous faites référence ?
L’ENA est née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale de la volonté du Général de Gaulle de former les nouveaux cadres de l’administration française dans un cadre unique. Aujourd’hui, ce cadre unique est devenu une machine à produire et reproduire une élite administrative qui est sortie de sa mission originelle, en investissant le champ de la politique, s’arrogeant ainsi les leviers du pouvoir qu’elle devrait servir. Le XXIe siècle n’est plus le siècle des statuts inamovibles où l’on demeure « ancien élève de » toute sa vie, dans ce monde nouveau qui émerge, l’heure est à l’agilité, à l’adaptabilité permanente, cela concerne évidemment aussi en premier lieu notre administration qui, si elle a pour mission d’assurer la continuité du service public au service des Français, a également un devoir impératif d’évoluer avec son temps.
Votre programme vise entre autres à répartir les compétences des collectivités territoriales entre régions et départements. N’est-ce pas, pour une large part, déjà esquissé par la loi NOTRe ?
Ce que je veux pour les collectivités – comme pour les entreprises – c’est surtout l’autonomie et la liberté.
Je suis favorable à la fin des doublons, mais l’Etat doit arrêter son délire jacobin consistant à tout imposer par la verticale en créant des usines à gaz, notamment fiscales, qui perdent tout le monde. Laissons les territoires innover. A chaque territoire sa spécificité et son organisation propre. Je veux faire confiance aux élus de terrain pour répartir les tâches et les charges de chacun de manière pragmatique.
L’Etat, plutôt que d’imposer toujours plus de normes, toujours plus de schémas, toujours plus de paperasserie qui font le bonheur des cabinets d’études, devrait laisser les collectivités libres. C’est ce qui se passe dans ma région en Normandie, où Région et Départements se retrouvent dans un format de « G6 » pour faire leur « loi NOTRe » maison, et je trouve cela très positif.
Photo en une : Bruno Le Maire / © Eddy Duluc