Ravagée par un incendie en 2019, Notre-Dame de Paris a rouvert officiellement ses portes le 8 décembre 2024. De quoi nourrir la réflexion de Kent Follet, auteur américain passionné de cathédrales, pour la préface de son son dernier essai.
Célèbre pour son best-seller Les Piliers de la Terre, c’est en 2019 – juste après l’incendie de Notre-Dame – que Kent Follett se décide à lui dédier un essai. Tous les bénéfices, de même que les droits d’auteur, ont été reversés au fonds de reconstruction du monument, auquel il chante son « amour […] à la lumière du terrible événement du 15 avril ».Â
Ce texte offre un bref aperçu de l’histoire de la « Vieille Dame », de sa construction – qui s’est étalée sur près de cent ans, sans compter les nombreuses améliorations ultérieures – à la fameuse marche aux allures bibliques du général de Gaulle jusqu’à la nef en 1944, lors de la libération de Paris. Follett consacre également quelques réflexions à Eugène Viollet-le-Duc, l’architecte qui a redonné son éclat à la cathédrale au XIXe siècle, en réalisant la célébrissime flèche.Â
Dans cet essai parfois teinté de considérations politiques, l’auteur décrit le rôle que la cathédrale a joué la dans sa propre vie, et plus encore, dans l’écriture de son roman Les Piliers de la Terre. « La révélation se fait à distance », écrit-il en évoquant les sentiments supposément universels que les visiteurs – croyants ou non – de Notre-Dame sont censés éprouver.Â
« J’ai vu dans la construction d’une cathédrale le type d’entreprise collective qui s’empare de l’imagination de toute une société ».Â
En ce sens, Notre-Dame n’est pas seulement un essai historique ou un témoignage d’amour pour un bâtiment, mais également un hommage aux belles-lettres. Ouvrage littéraire s’il en est, la « Vieille Dame » a inspiré les romanciers les plus célèbres du monde occidental. Kent Follett ne pouvait évidemment pas passer à côté du célèbre roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, et lui consacre même un chapitre entier. Il y explique entre autres que l’intervention de Viollet-le-Duc faisait suite à l’indignation de l’auteur face à la vétusté du bâtiment. D’autres grands noms de la littérature, Anthony Trollope, William Golding et T.S. Eliot, pour ne citer qu’eux, ont également trouvé en ce monument une source d’inspiration pérenne.Â
L’auteur insiste aussi sur les embellissements apportés à la cathédrale au fil des ans. Peut-être même qu’il soutiendrait le projet porté par Emmanuel Macron – « un chef d’Etat qui s’est lancé dans une modernisation radicale de son pays » selon ses propres mots – de remplacement de certains vitraux d’Eugène Viollet-le-Duc par des œuvres contemporaines. Une idée pourtant loin d’avoir fait l’unanimité, comme en témoigne l’action en justice portée par l’association Site&Monuments et la Commission nationale de l’Architecture et du Patrimoine (CNPA). Sans doute le président de la République souhaiterait laisser une trace personnelle dans l’histoire de la cathédrale, désireux de suivre l’exemple de Viollet-le-Duc, du général de Gaulle ou de Victor Hugo…