« Sur le terrain, ils ont le sentiment qu’on parle entre nous » avertit Jean-Pierre Raffarin. Indispensable, la transparence ne doit pas servir de diversion et détourner le gouvernement du principal enjeu actuel : l’emploi. Alors s’il votera « ce qui va dans le sens de la moralisation de la vie politique […], par exemple un texte sur le conflit d’intérêt », ajoutant que « la politique et les paradis fiscaux c’est forcément suspect, même quand c’est légal », il ne souhaite pas que le débat se focalise là-dessus.
Un regard lucide sur l’état de la droite
Pourtant, son camp est tombé dans le piège, ne parvenant pas à accorder ses violons face au grand déballage des patrimoines et au conflit d’intérêt. Résultat, le débat réveille les clivages. La droite a « des comportements trop personnels ». « Il faut retrouver une éthique collective » alerte le président du Conseil national de l’UMP. L’opposition ne profite pas des difficultés du gouvernement. Et pour cause : pour Jean-Pierre Raffarin, elle n’est pas encore crédible : « Nous pourrons envisager l’alternance après les municipales » affirme-t-il. Dans la continuité de son analyse de la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, l’ancien Premier ministre ne ménage pas les siens.
Une leçon de science politique
La situation de la gauche n’est pas plus enviable. « Le gouvernement prend la crise de plein fouet », « il n’est pas assez actif, du coup la mécanique ne produit pas de l’action mais de la déception » observe Raffarin. « La fonction de Premier ministre n’est pas assez puissante pour protéger le président de la République dans une France à la fois monarchiste et régicide » analyse l’ancien locataire de Matignon. Mais même dans ces conditions, « comment le gouvernement a-t-il pu rater sa première année ? » s’interroge-t-il ? « Les textes forts de la majorité seraient passés en juillet, dans la foulée de l’élection, mais aujourd’hui Hollande est trop affaibli ». Par exemple, « sur le mariage pour tous, le gouvernement n’a pas eu la bonne méthode ». « Sur la vie du couple on aurait pu s’entendre », « idem sur le constat qu’il faut repenser l’adoption » avance Jean-Pierre Raffarin. « Sur la GPA et la PMA, il aurait pu être plus clair et sortir de l’ambigüité ». Car « un texte voté à l’unanimité est plus fort ».
Petits conseils à la gauche…
« Le gouvernement divise sur le mariage et abandonne le front de l’emploi », bref, il perd du temps. Et sa marge de manœuvre est réduite : « un mouvement est nécessaire dans l’exécutif mais n’arrivera probablement pas avant les municipales pour éviter de changer à nouveau de Premier ministre dans un an » parie-t-il. « François Hollande doit revoir sa plateforme électorale et construire une nouvelle perspective en s’appuyant sur une équipe resserrée » conseille le sage.