« Émotion, engagement, fierté » sont les mots avec lesquels le bâtonnier de Paris, Christiane Féral-Schuhl, a souhaité conclure la présentation à la presse de son livre Ces femmes qui portent la robe.
2e femme élue bâtonnier de Paris, elle s’engage pour l’égalité
Élue bâtonnier de Paris en 2012, elle a fait campagne et rencontré ses pairs, notamment des femmes avocates qui l’ont interpellée sur leur situation. Ayant pris conscience de la situation précaire de certaines de ses consœurs, cette spécialiste en droit informatique et nouvelles technologies a souhaité, dès son élection, s’allier à la journée de la femme en déployant à la Conciergerie une bâche sur laquelle on pouvait lire « Et si la femme était aussi l’avenir du droit ? ». Souhaitant faire du barreau de Paris, une véritable « maison des avocates », elle a engagé l’institution dans la signature d’un « Pacte égalité ». Nommée en janvier dernier au Haut Conseil à l’égalité par le Premier ministre, elle s’est impliquée dans la protection des avocates en instaurant différentes mesures. L’assurance d’une immunité de deux mois aux collaboratrices revenant d’un congé maternité et la création d’une commission chargée, avec l’Observatoire de l’égalité qu’elle a créé, d’émettre des propositions pour la réduction des inégalités dans les professions libérales en sont les projets phares.
L’hommage à une profession : « avocate des droits de l’homme »
Pour cette journée de la femme 2013, Christiane Féral-Schuhl a souhaité non seulement rendre hommage à ces avocates qui, « avec simplicité force et conviction ont décidé de défendre l’inadmissible », mais aussi donner des modèles et des sources d’inspiration aux jeunes femmes en général. Ces justicières qui défendent les droits de l’homme et la liberté dans leurs pays méritaient, selon elle, un livre, dont les droits d’auteur seront intégralement reversés au fonds « Barreau de Paris Solidarité ».
« La lutte pour les droits de l’homme passe par les femmes »
Le bâtonnier de Paris a tenu à saluer la visite inattendue d’un homme : le père de Malala Yousafzai, cette jeune militante pakistanaise qui s’est battue contre les talibans pour que les filles puissent aller à l’école. Hospitalisée à Londres depuis octobre 2012 à Londres, le barreau de Paris a souhaité lui décerner une médaille au nom de son combat.
Certaines de ces femmes d’exception étaient présentes pour évoquer leur travail « d’avocate des droits de l’homme ». La première d’entre elles, et non la moindre, Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix est la première femme iranienne devenue juge. Après la révolution de 1979, elle a été rétrogradée, dans son propre palais de justice, au poste de secrétaire, à cause des nombreuses lois discriminatoires mises en place par les dictateurs religieux. Si bien qu’aujourd’hui, en Iran, une femme vaut, à proprement parler, deux fois moins qu’un homme : lors d’un procès, les témoignages de deux femmes équivalent à celui d’un homme et les assurances versent à ceux-ci le double, de ce qui est octroyé à leurs concitoyennes. Aujourd’hui, 30 des plus grandes féministes iraniennes sont en prison, comme son amie Nasrin Sotoudeh, qui a reçu le prix Sakharov en 2012. En exil depuis 2009, Shirin Ebadi trace, le visage grave, un effrayant portrait de son pays, dans lequel la liberté d’expression parait inexistante.
Peignant le portrait de ces femmes courageuses ayant rencontré de nombreux obstacles, parfois même pour devenir avocate, Christiane Féral-Schuhl leur rend un bel hommage. Figures publiques ou anonymes, leur engagement et leur travail acharné « montre[nt] comment aujourd’hui dans le monde, la lutte pour les droits de l’homme, passe par les femmes ».