L’événement ne manquera pas de mettre le feu aux poudres. Du 6 avril au 28 décembre 2013, Dunkerque dévoilera ses plus beaux atouts dans le cadre du projet “Dunkerque 2013”, plaçant la culture au cœur de la ville à travers la thématique “Regarder vers le large et s’ouvrir au monde”. Un concept loin de lui être étranger. Car si l’ouverture du premier port, destiné à la pêche au hareng, remonte au XIe siècle, il développe rapidement d’importantes activités commerciales avec la Hollande et l’Angleterre. Traversant les époques contre vents et marées, cet endroit exceptionnel sera le théâtre de grands noms comme le corsaire Jean Bart, héros de la ville, pour connaître son âge d’or au XIXe siècle alors qu’il devient une place forte d’échanges internationaux.
Si de tout temps les voies maritimes étaient des hauts-lieux de brassages culturels, le projet “Dunkerque 2013” met cette communauté urbaine face à un défi de taille qu’elle compte bien relever avec ses 200 000 habitants. Programmation spectaculaire à l’appui, la collectivité a souhaité susciter l’adhésion massive de la population grâce à un appel à projets ambitieux. Plus qu’une démarche sociale, il s’agit là de “démocratie participative” selon Jean-Paul Noël, délégué aux grands événements culturels à Dunkerque et chef du projet. “Cette initiative est un véritable accélérateur de projets de développement culturel et un soutien à la création, qui va permettre de mettre en place des synergies efficaces entre les différents acteurs de ce domaine”. Neuf mois de festivités, point d’orgue au dynamisme d’un territoire où la dimension urbaine est en passe de se réinventer autour de nouveaux critères artistiques.
Et Dunkerque ne pouvait le faire sans célébrer les flots. En relation avec l’armada de Rouen, la ville accueillera du 30 mai au 2 juin une dizaine de mâts d’exception à l’occasion d’une fête populaire, la troisième édition du festival des écrans de la mer venant compléter la diffusion artistique. Autre projet jamais vu jusqu’alors, celui du vidéaste chilien Enrique Ramirez, qui souhaite monter un film sur une durée de 15 jours, nuits compris. Projeté à l’extérieur sur un écran géant, ce long-métrage s’articulera autour du carnet de bord d’un capitaine des années dix-huit cents croisé à celui de l’artiste lui-même. Reprenant le trajet de l’époque – Santiago du Chili-Dunkerque – une caméra installée dans la proue d’un cargo restituera l’ensemble du voyage effectué sur fond de commentaires poétiques. Dans la même veine, un Instrumentarium réunira la plus grande fanfare du monde, mobilisant en même temps les enfants de nombreuses écoles de l’agglomération, avec un championnat du monde de hip-hop qui s’annonce très prometteur. Éclectique et transcendante, la programmation fait renaître ce carrefour culturel que les ports étaient autrefois. Déroutante, sensible et underground, la communauté urbaine transcende son passé par la modernité culturelle, ouvrant son ciel parfois maussade à des horizons de rayonnement européen. Si l’expérience fait dire à Jean-Paul Noël à propos de Dunkerque qu’“on y arrive en pleurs, mais qu’on pleure plus fort encore au départ, tellement la ville est attachante”, l’image n’est pas sans rappeler celle des demoiselles agitant leurs mouchoirs au départ des bateaux. Avec ces mêmes larmes aux yeux, roulant sur leurs joues telles les vagues d’une mer agitée.