Mardi 14 juin, les locaux de la Maison de l’Europe à Paris accueillaient les lauréats du prix de l’initiative européenne. Dans la salle, une centaine de personnes, et au premier rang, Plantu, le dessinateur de presse qui a notamment fait le dessin de l’anniversaire des 60 ans de la Maison de l’Europe.
Le prix, qui célèbre sa 13ème édition cette année, récompense des journalistes et des médias qui ont “correctement parlé de l’Europe, lui on permis d’avancer et encouragé à traiter davantage les questions européennes”, explique Catherine Lalumière, présidente de la Maison de l’Europe.
L’ex-député européenne introduit les lauréats par un long discours sur le rôle de la presse, son importance : “même si parfois, il faut bien le reconnaître, la presse nous embête, elle est essentielle.”
Cette année sur l’estrade, quatre personnes. D’abord Christophe Ayad, rédacteur en chef au service international du Monde, le “Monsieur Panama Papers”. Prix Albert Londres en 2004, il a épluché avec 108 autres journalistes du monde entier les documents attestant d’une gigantesque fraude fiscale au Panama. Le jury a récompensé son “engagement pour défendre les libertés de diffuser et d’informer.” A ses côtés, Franck Bourgeron, rédacteur en chef de la Revue dessinée, trimestriel mêlant dessin de presse et journalisme, qui a notamment travaillé sur Frontex, le TAFTA ou le référendum écossais. La revue a été primée pour son “innovation dans un domaine où les dossiers européens étaient traités de manière parfois ennuyeuse.”
Politique européenne
En tant que représentant de France Télévisions, Jérôme Cathala, directeur de l’international du groupe public, a reçu son trophée des mains d’Alberto Toscano, correspondant de la radio italienne RAI et président du Club de la Presse Européenne. Quelques reproches lui sont alors adressés, notamment sur le fait “qu’en tant que service public, France Télévisions pourrait faire davantage sur le terrain de l’Europe et parler des problèmes des pays européens.” Jérôme Cathala rétorque en affirmant que France Télé est un des seuls médias à avoir conservé, “malgré les contraintes budgétaires”, des correspondants dans la plupart des capitales européennes, dont deux, à plein-temps, à Bruxelles. Clou du spectacle, la présence de Daniel Cohn-Bendit. Européen convaincu, il vient de publier le livre Et si on arrêtait les conneries (Fayard, 2016) écrit avec Hervé Algalarrondo, “plaidoyer pour une révolution politique” en Europe.
Après un long éloge pour celui qui est “un homme de conviction, généreux, parfois dur mais jamais méchant”, dixit Catherine Lalumière, l’intéressé se lance dans son discours à fortes résonances politiques.
Selon lui, “l’Europe fait tout pour qu’on n’y arrive pas”. Il critique la politique européenne sur la crise des réfugiés, l’incapacité des institutions à réagir aux défis qui fracturent le continent, considérant que les pays n’ont “aucune capacité à penser l’Europe en dehors des questions de souveraineté nationale”. Il revient à Catherine Lalumière de conclure la cérémonie par un appel du pied au représentant de la Ville de Paris, concernant le relogement de la Maison de l’Europe, dont les locaux dans l’Hôtel de Coullanges, rue des Francs-Bourgeois, viennent d’être vendus.
Copyright image : © Maison de l’Europe de Paris