Une ambition pour l’Éducation
Ce n’était un secret pour personne : quand d’autres pensaient à l’Élysée en se rasant, lui se rêvait ministre de l’Éducation nationale. Depuis des années Vincent Peillon, agrégé de philo, spécialiste de Ferdinand Buisson, peaufinait son destin. François Hollande le lui a offert sur un plateau. Liberté de mouvement, « exonération de rigueur », création de 60 000 postes : le numéro 2 du gouvernement a les coudées franches pour « réformer le mammouth ». Un luxe qui le distingue de ses prédécesseurs.
Alors quand les journalistes le questionnent sur sa « grande loi » sur l’école, il répond le plus souvent à la première personne du singulier. Qu’on se le dise, Vincent Peillon a une grande ambition pour l’école française. Le texte en examen n’est que le premier étage de la fusée scolaire qu’entend construire le ministre : « la loi ne contient que des éléments faisant consensus où sur lesquels nous sommes parvenus à un accord » explique-t-il. Les mesures soumises à l’Assemblée nationale « ne soulevaient pas du tout de tension dans le monde éducatif» et étaient «même soutenues par d’anciens ministres de droite ». Mais la route est encore longue et passe selon lui par un débat. « En matière d’Éducation nationale, l’essentiel des décisions se traduit par des décrets et des circulaires. Le pays n’est donc pas habitué à de grands débats sur l’école. Cette loi en est l’occasion » se réjouit le philosophe.
Réformer sans se presser
La réforme des rythmes scolaires n’est pas dans la loi, et pourtant elle cristallise toute l’attention. « Ne personnalisons pas le débat. Les élus estiment que les conditions ne sont pas réunies pour appliquer cette décision dès 2013, alors on le fera mieux l’année prochaine. » Vincent Peillon ne semble pas s’alarmer des réticences des maires – souvent socialistes – des grandes villes de France. Selon lui, l’idée fait consensus, malgré les apparences. Mais elle est compliquée à mettre en œuvre car elle « dépasse le cadre de l’Éducation nationale et touche les élus, les parents d’élève, etc. ». « La semaine de 4 jours et demi concerne d’abord 12,5 millions d’enfants » tranche-t-il.
La formation des enseignants fait en revanche bien partie du texte. « Vous pouvez avoir fait un doctorat de chimie organique, vous n’êtes pas pour autant apte à enseigner à une classe de CP » explique le ministre. « La réussite éducative passe d’abord par la formation des enseignants ». «Tous les organismes internationaux le disent : c’est le facteur le plus efficace pour la réussite éducative. Nous français l’avons supprimée, maintenant, on la remet en place ». Points forts de la loi, les futures écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe) auront à charge de former les étudiants et les enseignants. Reste à savoir à quoi, puisque les maquettes des concours n’ont pas été entièrement décidées et ne le seront probablement pas encore à la rentrée prochaine. Mais le ministre de l’Éducation nationale (« et du cannabis » plaisantent les députés UMP) veut se donner le temps. Et demeurer rue de Grenelle jusqu’en 2017.