Depuis juillet 2020, ce sont près de 2200 maires qui ont démissionné en France, soit environ 6 % des élus municipaux. Ce phénomène, documenté par l’Observatoire de la démocratie de proximité AMF-Cevipof, représente plus d’un départ par jour : un chiffre quatre fois supérieur à celui enregistré lors du mandat 2008-2014.
Les maires n’ont jamais autant démissionné et les raisons qui l’expliquent semblent être nombreuses, à commencer par la violence que subissent ces élus. Parmi eux, à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), le républicain Vincent Jeanbrun avait notamment vu son domicile attaqué à la voiture-bélier lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel. Ce motif n’est pourtant pas la cause principale de ces départs. L’étude menée par l’AMF-Cevipof montre que les tensions internes aux conseils municipaux arrivent largement en tête (30,9 %), suivies par les passations programmées à mi-mandat (13,7 %) ainsi que la santé physique ou mentale. En effet, près de 83 % des maires interrogés estiment leur mandat usant, évoquant même des situations de burn-out.
Les communes de 1000 à 3500 habitants apparaissent comme les plus fragilisées. En proportion, celles de plus de 10 000 habitants sont les plus concernées, avec un de taux de démissions de 11,5 %. L’étude souligne également un paradoxe. Alors que les maires élus en 2020 représentent plus de la moitié des démissionnaires, un Français sur cinquante se porte néanmoins candidat aux élections municipales tous les six ans. L’engagement politique local reste donc fort malgré les éventuelles désillusions qu’il implique.