Il se confirme que le millĂ©sime 2012 aura Ă©tĂ©… complètement prĂ©sidentiel ! Pas seulement parce que l’annĂ©e s’est ouverte par la campagne menant Ă l’Ă©lection d’un nouveau chef de l’Etat. La grande question surplombant les lĂ©gislatives qui ont suivi fut : « le nouveau prĂ©sident aura-t-il ou non « sa » majoritĂ©Â ? ». Puis, au cÅ“ur de l’Ă©tĂ©, ont jailli quantitĂ© d’interrogations autour de la mĂ©thode ou du style du locataire de l’ElysĂ©e et le grand Ă©vĂ©nement politique de l’automne fut sans conteste la confĂ©rence de presse plutĂ´t rĂ©ussie de François Hollande. Rien de plus normal sous la Ve RĂ©publique, remarquera-t-on, que cette prĂ©Ă©minence de la magistrature suprĂªme. A ce dĂ©tail près que la « prĂ©sidentialisation » de notre vie publique semble s’Ăªtre beaucoup accentuĂ©e.
Derrière le combat opposant François Fillon et Jean-François CopĂ©, la question de la prochaine Ă©chĂ©ance Ă©lysĂ©enne est apparue plus qu’en filigrane. Nombre de militants troublĂ©s par la tournure prise par l’affrontement se sont mĂªme demandĂ© si le mieux ne serait pas de rappeler Nicolas Sarkozy sans tarder.
Comme d’autres rĂ©flexions autour des « chances prĂ©sidentielles » des uns et des autres entendues Ă droite comme Ă gauche ou au centre, l’obsession Ă propos du sommet de l’Etat tend Ă minimiser d’autres lieux et enjeux indispensables Ă notre bonne santĂ© dĂ©mocratique : le Parlement et les collectivitĂ©s territoriales qui dĂ©cident de nos impĂ´ts et traitent des grands dĂ©bats de sociĂ©tĂ© (tels que le « mariage pour tous » , les rythmes scolaires ou le vote des Ă©trangers) de manière plus approfondie que dans les programmes de campagne. D’ici Ă 2017, il y aura, de plus,des municipales, des cantonales, des rĂ©gionales et mĂªme des europĂ©ennes… D’oĂ¹ la nĂ©cessitĂ© de disposer de partis en bon Ă©tat de marche susceptibles, selon la lettre de la Constitution, de « concourir Ă l’expression des suffrages » Ă tous les Ă©tages de la vie publique. De telles organisations peuvent se transformer tous les cinq ans en « écuries prĂ©sidentielles » en vue du grand steeple-chase de l’ElysĂ©e. Mais il leur appartient aussi de susciter, entre les Ă©chĂ©ances, des idĂ©es, des vocations et des talents capables d’Ă©viter la confusion entre vie politique et campagne prĂ©sidentielle perpĂ©tuelle. Â