Le souvenir des quinquets et flonflons des meetings de l’an passé s’évapore. Année sans joute électorale majeure en France, 2013 ne sera cependant pas de tout repos pour les forces politiques. Après ses défaites successives aux municipales, aux régionales, aux sénatoriales, à la présidentielle et aux législatives, la droite parlementaire va poursuivre une reconstruction difficile. Le très dur affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé a montré toute l’ampleur de la tâche. Derrière les querelles d’hommes se cachent en effet de véritables divergences de doctrine et de stratégie. Le succès de la démarche autonome de Jean-Louis Borloo pose par exemple la question de l’efficacité réelle du fameux “parti unique de la droite” imaginé il y a dix ans par Jacques Chirac et Alain Juppé.
L’actuelle majorité présidentielle pourrait profiter des faiblesses de son principal adversaire pour afficher sa cohésion derrière François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Les sujets de discorde apparus un peu de moins au sein même du gouvernement ne lui en offrent guère l’occasion. La guerrilla idéologique du Front de gauche et la volonté d’affirmation des élus écologistes imposent de plus aux ministres, notamment au Sénat, des luttes de position épuisantes et d’autant moins gratifiantes qu’elles ne recueillent pas toujours un large écho. Aucun signe d’apaisement, pas même la perspective d’une entente électorale en vue des municipales de 2014, ne se dessine au chapitre des luttes internes. Les ultimes batailles autour du non-cumul des mandats ou du nouveau mode d’élection des conseillers généraux apporteront d’autres opportunités de se dire quelques “vérités entre amis”.
2013, année de vérité ? À condition que la lucidité ne mène pas au pessimisme. Les idées noires conduisent souvent, en effet, à une mauvaise hiérarchisation des priorités. Les débats dits “de société” de type “mariage pour tous” ont certes leur utilité. Mais leur omniprésence médiatique et leur instrumentalisation partisane tendent à donner l’image d’un pays replié sur ses propres querelles. De même, “l’affaire Depardieu” revient à considérer par le petit bout de la lorgnette la nécessité urgente d’une harmonisation fiscale entre des pays disposant d’un même marché, d’une même monnaie et contraints – comme la crise grecque l’a montré – aux mêmes solidarités inter-étatiques.
Les “avantages compétitifs” de la France demeurent bien réels et le gouvernement entend à juste raison les développer dans le droit fil du rapport Gallois. Mais ce serait une grave erreur que de considérer que la recherche de simplifications administratives et d’une fiscalité enfin adaptée au combat économique n’en ferait pas partie. La France ne doit pas se laisser distancer dans la compétition subtile entre partenaires européens consistant à rester attractif sur le plan national tout en profitant des avantages de l’Union. Car il y en a. Prenons l’exemple du brevet européen (voir en page 49). Ratifiée à l’initiative du commissaire européen Michel Barnier sans grand bruit en fin d’année par vingt parlements – dont le nôtre –, une procédure simple permettra de diviser par dix le coût de protection d’une invention par les entreprises, notamment les PME. C’est une très bonne nouvelle. Souhaitons – puisque nous sommes encore en période de vœux – que celle-ci en annonce d’autres…