Le classement Pisa a mis en lumière la dégradation du système scolaire français, jugé trop inégalitaire. Quelle est votre réponse ? Que préconisez-vous ?
Parmi les 28 pays de l’Union européenne, la France connaît un inquiétant décrochage, puisqu’elle figure désormais en queue de classement. Tous les ans, 140 000 jeunes sortent du système scolaire, sans diplôme ni formation. Le système scolaire ne corrige pas les détermines sociaux, liés au territoire ou à l’origine sociale. Longtemps nous avons pensé que c’était au collège que les inégalités apparaissaient. Mais le fossé se creuse bien avant, dès l’école primaire. C’est pour cette raison précise que nous avons choisi de mettre ces années de formation au cœur de nos efforts en permettant par exemple, dans certains territoires, d’instaurer un renouveau pédagogique avec le “plus de maîtres que de classes”. Le développement de la scolarisation des enfants de moins de trois ans, la où les pourcentages de scolarisation ont baissé, est aussi un objectif fort que nous poursuivons. Pour réussir à remonter, il y a nécessité d’avoir des enseignants bien formés.
Aussi, nous avons remis en place une école de formation pour les enseignants. Nous avons à cœur de régler au mieux les problèmes qui existent et de permettre au système scolaire français – qui a été pendant des décennies une référence – de retrouver son rang. Aussi, des questions complexes, comme celle de l’éducation prioritaire visant à réduire les effets des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire, doivent être prises à bras le corps. Depuis 30 ans ce sujet est sur les rails, notamment dans les zones d’éducation prioritaires (ZEP). Il y a nécessité de mettre le curseur sur ces secteurs, qui requièrent une attention particulière. Le plan pour l’éducation prioritaire va en ce sens, puisqu’il permettra aux équipes pédagogiques de bénéficier d’une formation plus complète, avec un engagement professionnel mieux reconnu. Par ailleurs, au delà des moyens, il faut incontestablement répondre au malaise profond qui s’est développé ces dernières années au sein de l’école publique.
Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem ont lancé dans 10 académies volontaires l’expérimentation des ABCD de l’égalité, dont l’objectif est de “déconstruire les stéréotypes de genre”. Que pensez-vous de l’instauration de la théorie du genre à l’école, qui fait tant polémique ?
Je considère que la théorie du genre, qui voudrait que l’on veuille gommer les différences de sexe est un fantasme. Ce concept existe outre-Atlantique, pas chez nous. À travers l’ABCD de l’égalité, il s’agit simplement d’une démarche d’égalité qui permet à tous les enfants de s’épanouir sans stéréotypes inculqués dans l’école scolaire. C’est également un moyen de combattre le machisme ordinaire, qui est vécu douloureusement par de nombreuses jeunes filles. Il n’y a pas de métiers particulièrement destinés aux femmes ou aux hommes. En républicain, je souhaite profondément développer l’égalité des droits, pas gommer les différences de sexe.
La devise de la République, le drapeau tricolore et la déclaration des droits de l’homme seront affichées dans les écoles. Dans le même temps, la refonte des programmes scolaires a supprimé plusieurs grandes figures de l’histoire de France, au profit de celles des civilisations extra-européennes. L’acquisition de la citoyenneté française, l’intégration, ne passe-t-elle pas aussi par l’apprentissage de l’histoire de France ?
L’enseignement de l’histoire fait souvent l’objet de polémique, puisqu’il lui est reproché de donner aux élèves une suite chronologique, plutôt qu’une véritable analyse de fond. Mais cette question est hors clivage politique. En effet, le Conseil supérieur des programmes élabore les cours en toute indépendance politique et idéologique.