Pourquoi avoir écrit ce livre, facile d’usage, presque pédagogique ? Quel est le lectorat visé de votre ouvrage ?
La communication réalisée sur mon ouvrage est assez générale. L’idée étant d’être le plus vrai et le plus direct qui soit. Ce livre est vraiment écrit pour tous les citoyens qui désirent s’informer sur la fonction de député, mieux comprendre à quoi elle sert et comment fonctionne cette profession…
Vous affirmez dans votre introduction que c’est “une envie, une nécessité, un devoir” d’avoir écrit cet ouvrage. On pourrait croire qu’il s’agit presque d’une contrainte pour vous …
C’est un devoir car il y a beaucoup de contre-vérités sur la vie parlementaire. Je m’aperçois que de nombreuses informations sont inexactes sur les revenus et sur l’aspect matériel de notre fonction (les indemnités, les retraites…). J’ai donc voulu divulguer la réalité.
Par ailleurs, un citoyen ne sait pas assez à quoi sert un député, et je trouve cela dramatique. Tous les jours, je suis amené à expliquer les outils qui sont mis à disposition d’un parlementaire, à parler de son rôle et de sa fonction, de ce que l’on réalise dans l’Hémicycle.
Par exemple, nous nous faisons souvent critiquer car l’Assemblée est vide, mais il faut savoir que les parlementaires ne se rendent dans l’hémicycle que pour prendre la parole ou pour voter. Sachant que les séances sont retransmises en direct, l’intérêt de s’y trouver est moindre.
Pensez-vous que tout le monde devrait savoir comment se passe la vie dans l’hémicycle, ce qu’il s’y dit et comment une loi est votée ?
Bien sûr et si c’était le cas, tout irait mieux en France ! On entend énormément de choses fausses : notamment les privilèges, les lobbies, l’influence, l’argent, le pouvoir… Tout cela est négatif, je n’ai jamais lu d’articles positifs sur les réseaux sociaux concernant les députés alors qu’ils travaillent tous les jours, y compris le week-end. Ils sont en contact permanent avec la population ; mais cela, personne n’en parle…
“Etre député ne sert plus à rien, surtout lorsque l’on est dans l’opposition” selon François Sauvadet, député UDI : que pen- sez-vous de cette phrase ?
Je pense que c’est la phrase d’une personne aigrie… Pourtant, il ne devrait pas l’être, parce qu’il a eu beaucoup de chance dans sa vie. Je connais bien François Sauvadet, c’est un député qui fait un travail de qualité : il a notamment été ministre de la Fonction publique. Cependant, je peux comprendre cette sorte de lassitude dans l’activité parlementaire, car un député de l’opposition se trouve dans une situation moins confortable que les autres, bien qu’elle soit nécessaire.
Selon vous, quels tâche ou objectif restent les plus compliqués dans votre fonction de député ?
Nous n’avons pas les moyens intellectuels et matériels pour embrasser toute la sphère de compétence d’un député. Nous sommes amenés à intervenir sur des points agricoles, sur la fonction publique, sur l’économie, sur la politique étrangère… Il est donc compliqué de se faire une idée précise sur tout.
Le second aspect relève aujourd’hui du contrôle de l’action gouvernementale. Nous n’avons pas les pouvoirs d’investigation généraux qui permettent de savoir exactement quelle somme a été consommée dans quel domaine. Il faudrait renforcer nos moyens d’action afin d’avoir accès aux documents et aux rapports internes à l’administration et au gouvernement.
Pensez-vous que les citoyens, malgré tout, font confiance aux députés qui les représentent aujourd’hui ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il existe une très profonde mutation dans le corps social et je pense que le régime représentatif est en crise. Le citoyen se retrouve beaucoup moins dans la représentation parlementaire mais il a besoin, aujourd’hui, d’être plus consulté. C’est pour cela que je propose des recours plus fréquents à des référendums.
Je pense qu’il faut faire évoluer les pratiques institutionnelles, aller vers le peuple et lui poser des questions.
Nous devons interroger le citoyen sur des questions fondamentales : sur l’immigration, sur les problèmes d’intégration, ou encore sur l’état d’urgence. Le mariage pour tous, par exemple, aurait pu être soumis au vote des Français. Ils réclament ce contact entre l’élu et le corps social.
Que pensez-vous de l’initiative d’un député comme Jean Lasalle, qui est parti marcher à la rencontre des Français ? Un coup de communication ou une véritable intention politique ?
Je connais bien Jean Lassalle, ce député a un caractère un peu à part politiquement et sa démarche est très intéressante. Cependant, faut-il avoir cette approche individuelle et en faire un ouvrage pour connaître le ressenti de la population, ou suffit-il d’être sur le terrain au contact des Français ? Pour ma part, je privilégie cette dernière option, c’est celle que je souhaite mettre en avant.