Une révolution qui s’ignore
Trois grandes étapes qui ont révolutionné la communication au cours de l’Histoire : la découverte de l’écriture, qui a bouleversé la société en permettant la transmission du savoir ; l’invention de l’imprimerie, qui a facilité le partage des idées à grande échelle ; et enfin la révolution numérique, apportée par Internet, se traduisant par une décentralisation de la circulation des idées.
Pourtant, si la société semble avoir accepté certains des changements entrainés par l’arrivée du numérique, elle demeure paradoxalement assez inconsciente des bouleversements profonds provoqués par l’avènement des nouvelles technologies. En effet, la population fait trop souvent l’amalgame entre le numérique et l’informatique, confondant ainsi véritable culture et science exacte. Cette notion, qui lui fait défaut, est pourtant fondamentale et pourrait expliquer le manque d’entrain des politiques françaises en la matière.
Le monde rural, première victime du fossé numérique
Dans les faits, la France, sixième puissance économique mondiale, tient le bas du classement des pays les mieux connectés. Et le phénomène ne fait que s’aggraver : aujourd’hui 44ème, elle était 37ème en 2014 ! Ce retard dans le déploiement de l’ultra haut débit est significatif : au niveau européen, le haut du classement est occupé par les pays scandinaves tandis que le sud de l’Europe stagne aux dernières places. Preuve que le développement économique est directement corrélé à la place accordée au numérique.
En France, la fracture numérique touche principalement les zones rurales. L’inexistence des infrastructures dans ces régions rend impossible tout développement économique « numérique ». Cette disparité géographique, marque l’inégalité sociale qui règne dans l’Hexagone entre campagnes et villes. Pour mettre fin à ce clivage et créer de la richesse dans les territoires défavorisés, il faudrait une véritable volonté politique.
Le numérique, vecteur de richesse mais pas seulement
Depuis 1945, l’exode rural s’intensifie. L’économie, la politique et donc la richesse se font dans les cités. Les campagnes, exsangues, pourraient pourtant facilement bénéficier du développement numérique. Pouvant être implanté partout, le numérique est non seulement un vecteur de développement économique mais également d’ouverture intellectuelle. En adoptant une attitude passive vis-à-vis de ce phénomène, les politiques actuelles privent ces territoires de formidables opportunités.
En se délestant du déploiement numérique, l’Etat a raté sa transition vers une nouvelle ère. Si certains politiciens commencent à s’y intéresser, en se gargarisant des nombreuses start-up qui voient le jour sur le territoire, les infrastructures sont pour le moment trop faibles pour espérer un quelconque renversement de situation. Le fossé numérique entre les territoires défavorisés et les zones urbaines se creusera toujours plus, l’ère du numérique ne faisant que démarrer et se développant à la vitesse de la lumière.