Au cœur du dispositif imaginé par Point.P dans la réhabilitation d’anciens entrepôts de la Sernam à Pantin, la phytorestauration fait consensus. Les acteurs locaux se réjouissent de la tournure verte qu’ont pris les travaux, sous l’impulsion de Saint-Gobain.
Un entretien avec Aline Archimbaud
Sénatrice Europe Écologie Les Verts de la Seine-Saint-Denis
Comment qualifieriez-vous l’engagement écologique de la ville Pantin ?
L’engagement écologique de Pantin n’est pas nouveau. En 2001, un groupe s’est formé au sein du conseil municipal et a formé une alliance avec le groupe socialiste qui soutient Bertrand Kern. Ensemble, nous avons travaillé à la création d’une direction de l’environnement ainsi qu’à de nombreuses initiatives en matière de développement durable (la « Journée sans ma voiture », la gestion des espaces verts sans pesticide, la semaine du développement durable…).
Réélue en 2008 sur la base d’un programme exigeant, cette même alliance entre les partis socialiste et écologiste a fait de sa priorité l’aménagement d’un éco-quartier autour du secteur de la gare de Pantin, avec des normes sociales et environnementales très ambitieuses et bien au-delà de ce que loi impose.
Comment les écologistes accueillent-ils le futur espace d’exposition de Point. P rendu possible grâce à la rénovation des anciennes halles de Pantin ?
Adjointe au développement économique, j’ai eu à cœur de chercher, avec des entreprises citoyennes, des partenariats dans lesquels chacun retrouve ses intérêts. Le groupe Saint-Gobain est l’une d’elles. Il nous a entendu et a pris des engagements tant sur le plan économique (avec la création de 100 emplois sur Pantin) qu’environnemental (dans sa lutte contre l’effet de serre et pour le développement de la biodiversité).
Nous nous réjouissons de voir que, dans la société civile, des acteurs économiques s’engagent fermement. Ce qui a été fait sur ce site de 52 000 m² est remarquable. Saint-Gobain ayant d’autres branches d’activités dans les métiers du verre, j’espère que nous pourrons, à terme, travailler avec eux sur la pépinière située dans une autre zone de Pantin, dans le cadre des éco-filières.
Quelles ont été les conditions de rénovation de ces halles ?
Les méthodes environnementales remplissent les conditions de certification HQE, BBC et Effinergie, assurent une consommation énergétique peu élevée, et utilisent des matériaux à faible impact environnemental. Si tous les acteurs économiques de la Seine-Saint-Denis avaient un tel engagement vis-à-vis du réchauffement climatique, il est clair que l’on aurait une baisse intéressante de l’effet de serre, surtout lorsque l’on connait la part liée aux bâtiments, notamment industriels. De ce point de vue, l’engagement de Saint-Gobain sur ce site est intéressant.
Quid de la phytorestauration ?
Ce sont des technologies qui existent depuis longtemps mais que trop peu d’acteurs ont le courage de mettre en place. À l’intérieur du site, cela se traduit par la gestion :
- des eaux pluviales grâce à de nombreuses aires végétales (dont les espèces vivaces qui filtrent les eaux pluviales) ;
- des eaux de voiries (elles aussi traitées par ces espèces qui filtrent ces eaux particulièrement polluées aux substrats organiques, hydrocarbures et métaux lourds) ;
- des eaux de toiture qui sont collectées dans des noues (espaces végétaux) et des canalisations. Ces procédés permettent d’infiltrer les eaux du sol, de percoler et d’éviter le ruissèlement extrêmement ravageur. Ils ont planté des talus de saules avec des fortes capacités évapotranspiratrices.
- des eaux usées pour lesquelles l’objectif « 0 % de rejet ». Pour y parvenir, les équipes de Saint-Gobain ont planté des espaces de taillis, des saules et des peupliers.
Toutes ces plantations qui ont pour objectifs de filtrer ces différents types d’eau permettent, en créant des zones humides artificielles, de recréer de la biodiversité. Cela a des conséquences positives sur la faune et sur la flore. Ils ont eu une démarche exemplaire de par leur travail rigoureux. Nous en sommes particulièrement contents et nous réjouissons de cette réhabilitation.