Éviter “l’année de trop”
Alors que son troisième mandat devait normalement s’achever en 2014, François Chérèque annonce à la mi-septembre son intention de passer le témoin devant le bureau national et dans une lettre aux militants. “La période me paraît propice à ce passage de relais” avec Laurent Berger, actuel numéro deux, dit-il, évoquant “l’alternance politique”, la bonne santé et la “cohésion” de la CFDT, mais aussi des raisons “plus personnelles”. “Je ne voudrais pas faire l’année de trop, le match de trop […] au risque de ternir ces années passionnantes passées ensemble”, écrit-il dans une lettre au ton chaleureux.
Un syndicaliste pur sang
Fils de syndicaliste – son père Jacques Chérèque a été l’un des principaux responsables de la confédération avant d’être ministre de Michel Rocard (1988-1991) –, il adhère à la CFDT en 1978, trois ans après l’obtention de son baccalauréat, puis grimpe peu à peu les échelons. Dès 1986, le jeune François Chérèque prend des responsabilités aux niveaux départemental et régional. Dix ans plus tard, il est la tête de la fédération CFDT santé-sociaux, première fédération de la confédération en nombre d’adhérents. Entré au bureau national de la CFDT et à la commission exécutive en 2001, il succède à Nicole Notat à la tête du syndicat en 2002.
Un “archi-réformiste”
Tout au long de ces dix années, François Chérèque tente d’approfondir la ligne réformiste, certains diraient “archi-réformiste”, de la CFDT. En 2003, sa décision de passer un accord avec Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites fait couler beaucoup d’encre. La centrale perd plus de 70 000 adhérents qui rejoignent les rangs de la CGT et de SUD. Toutefois il redresse la barre dans les années qui suivent, à la faveur de la contestation du contrat première embauche (CPE) lancé par Dominique de Villepin puis en 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Avec 863 674 adhérents fin 2011 – pas tout à fait autant qu’avant 2003 –, la CFDT préserve sa place de premier syndicat en termes d’adhérents.