Contraint de décaler sa parution suite aux terribles événements du 13 novembre dernier à Paris, Prison : Le choix de la Raison, est un projet devenu réalité réunissant deux anciens concurrents, Stéphane Jacquot proche de Nicolas Sarkozy et Dominique Raimbourg au côté de François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012. Ce livre a été écrit, selon le sympathisant des Républicains, pour le “bien commun” sur un sujet où ils se trouvaient “régulièrement en accord”.
L’ouvrage pointe du doigt les dysfonctionnements de la chaîne pénale en France. Un des problèmes majeurs soulevés est celui du manque de moyens financiers, qui ne seraient plus en adéquation avec l’exigence et la charge de travail requise. Selon les principaux intéressés, “la justice est plus lente et traite mal de nombreux dossiers”.
La réinsertion des personnes incarcérées, mise en place par la précédente Garde des Sceaux, Christiane Taubira, est une mesure essentielle selon les auteurs du livre, qui insistent vouloir s’inspirer du modèle belge ou encore canadien, qui fait davantage confiance aux bénévoles et aux ONG compétentes pour compenser les manques financiers. La France est souvent décriée pour ses prisons surchargées, ne comptant “que” 57 000 places théoriques – dont certaines seraient même non opérationnelles – pour 66 000 détenus : soit un taux d’incarcération de 100 personnes pour 100 000 habitants. Si ce chiffre se situe dans la moyenne européenne, il reste néanmoins en augmentation puisqu’il était de 75 habitants pour 100 000 personnes sur le sol français. Pour lutter contre cette hausse, l’ouvrage prescrit un internement des individus en déficience mentale, majoritairement les délinquants sexuels ou encore les toxicomanes, dans des lieux spécialisés avec un agrandissement de certains centres carcéraux. Cependant, l’idée d’une prison de 80 000 places est “une folie” selon Dominique Raimbourg, considérant le projet “impossible face aux manques de moyens”.
Les coauteurs sont unanimes à l’idée de la création d’un “ministère de la prison”. Selon Stéphane Jacquot, le milieu pénitencier qui cumule un budget à hauteur de 3 milliards d’euros ne “peut se passer de missions ministérielles sur des sujets spécifiques”. Une des premières serait la lutte contre la radicalisation religieuse. En effet, le député socialiste et le responsable des Républicains sont en accord sur l’évolution du statut des aumôniers de prisons, souhaitant que ces derniers fassent partie du personnel administratif pénitencier, et non de “l’extérieur”.
Pour donner du poids à leurs idées, les anciens adversaires travailleront main dans la main et ont annoncé qu’ils rencontreront les futurs candidats de l’élection présidentielle à venir, dans le but de leur proposer un “pacte des prisons”, prenant en exemple les accords sur l’écologie passés avec Nicolas Hulot en 2007.
“Le débat sur la délinquance doit être abordé avec rationalité, en privilégiant la sécurité et la lutte contre l’injustice” ajoute Dominique Raimbourg en précisant que le chantier reste “immense”.
Prison
Le choix de la raison
Stéphane Jacquot et Dominique Raimbourg
Economica
19 €