Alors que l’obésité devient un véritable problème de société, une question se pose : avons-nous vraiment perdu le goût de bien manger ?
Même si le problème de l’obésité est multifactoriel, une alimentation trop riche par rapport aux dépenses énergétiques du corps en reste l’une des causes principales. À l’heure où les médias traitent abondamment des sujets d’alimentation, on constate au contraire un regain d’intérêt pour la quête d’un bon modèle alimentaire, le problème étant la confusion entre la cacophonie des messages publicitaires et l’information. C’est pourquoi les études de diététicien nutritionniste devraient être revues pour passer à trois ans au lieu de deux, afin de mieux former les futurs professionnels aux complexités du métier.
En même temps, la surabondance de nourriture et la transformation des produits a fait perdre un certain nombre de repères, étant donné qu’on ne retrouve pas les mêmes ingrédients dans un plat à réchauffer que dans sa version préparée à domicile ! De là vient la nécessité d’une réflexion sur l’étiquetage nutritionnel des produits pour aider la population à choisir ses aliments en connaissance de cause, sans en stigmatiser certaines catégories. Car si le problème de l’obésité est bien réel, aucun acte diététique à ce jour n’est pris en charge par l’assurance maladie en France, alors que tout individu devrait pouvoir bénéficier d’un conseil professionnel en la matière et particulièrement les populations les plus sensibles.
Comment, à votre avis, réconcilier le sain, le naturel, ainsi que le plaisir ? Parfois, ne suffit-il pas de bousculer un tant soit peu ses habitudes alimentaires ?
Ce n’est pas si simple, puisque le rythme de la société actuelle permet difficilement de cuisiner matin, midi et soir. Il faut trouver un certain équilibre entre les plats à réchauffer que l’on connaît tout en prenant du plaisir à préparer certains repas soi-même, car c’est ainsi que l’on en apprend plus sur leur composition. Il faut cibler les populations les plus jeunes en les éduquant à l’alimentation, ce qui n’était pas une nécessité auparavant puisque les familles se transmettaient ce savoir en cuisinant. Si la nutrition est souvent une question de bon sens, les cantines scolaires ont aussi leur rôle à jouer auprès des enfants dans leur rapport au goût, alliant plaisir et alimentation saine.
Les régimes à outrance et les grignotages incessants ont tendance à brouiller les signaux de la faim : comment peut-on en finir avec les excès sans créer de frustration ?
Reconnaître les signaux de la faim est très important et plus encore aujourd’hui, les repas devenant de plus en plus déstructurés. D’autant plus que l’inconscient collectif a tendance à associer plaisir avec excès alimentaire, alors qu’il peut y en avoir sans partir dans les extrêmes ! C’est là que la notion de portion prend tout son sens : aucun produit ne doit être stigmatisé à condition que la quantité choisie soit adéquate. Les industries agroalimentaires ont d’ailleurs fait un pas en avant de ce point de vue là en diminuant notamment le poids des barres chocolatées. Dans tous les cas, le meilleur conseil qu’un diététicien puisse donner est d’apprendre à réapprécier les aliments et surtout abandonner l’idée que l’on ne peut pas se faire plaisir en mangeant équilibré !