Souvent caricaturée, plus encore sous-estimée, l’ancienne coqueluche de la Sarkozie est une redoutable femme politique. Le verbe fluide, elle excelle au jeu des questions-réponses, montrant les crocs lorsque c’est nécessaire, sans être avare de phrases chocs. Pour le plus grand plaisir des journalistes, venus en nombre l’écouter dans la salle Empire.
Rachida Dati est députée européenne, maire du VIIe arrondissement de Paris et, rappelle-t-elle, conseillère municipale de la capitale. Elle n’a jamais été élue au palais Bourbon, on aurait donc pu s’étonner qu’elle soit reçue par l’association des journalistes parlementaires. Mais Rachida Dati est une personnalité unique, dont la voix porte à droite (à défaut de compter), à la frontière du people et du politique. Dans la salle empire où les journalistes reçoivent chaque semaine une personnalité pour faire le tour de l’actualité, l’ancienne garde des Sceaux a répondu aux questions de la presse, sautant d’un sujet à l’autre sans jamais être désarçonnée.
Paris
« Depuis le départ de Jacques Chirac, la droite régresse à Paris, et ce n’est pas uniquement lié à la sociologie électorale » : la maire du « VIIe » prône un renouvellement de la classe politique parisienne. « On ne m’a pas attendu pour se détester » relève-t-elle justement en référence à la guerre Tibéri-Séguin. « Si on continue comme ça, c’est sûr qu’on est le meilleur atout de la gauche, alors que la gauche est divisée » et « son bilan est contesté ». Une primaire ouverte devrait avoir lieu dans la capitale pour désigner le candidat de l’UMP. Rachida Dati est déjà sur les rangs, Nathalie Kosciusko-Morizet le sera bientôt tandis que François Fillon devrait se retrier de la course. « Avec François Fillon, tout est possible, tout le temps », relève-t-elle cependant, ajoutant au détour d’une phrase qu’une femme candidate « ça aurait de la gueule ».
Politique
Sur le fond, Rachida Dati ne s’oppose pas frontalement aux propositions de la majorité qui font alors débat. L’élection de binômes homme-femme dans des cantons redécoupés, lors des cantonales de 2015 ? « Ca fait avancer la parité mais attention à ne pas en faire un gadget ». Le mariage pour tous ? « Les mots ont un sens, cette expression est dangereuse », « je ne suis pas opposée à une union civile mais le mariage me dérange ». La procréation médicalement assistée ? « Oui dans un but thérapeutique, mais une femme n’est pas un distributeur d’enfants ». Quant au cumul des mandats, elle propose de le limiter dans le temps, en particulier pour les maires, craignant que la réforme prévue n’accouche d’un « parlement d’experts ».
Europe
L’invitée du jour est aussi députée européenne. Local, national, continental : elle joue sur les trois tableaux. À propos de la décision de David Cameron de remettre en jeu l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne par le biais d’un référendum, elle juge que « ce serait une erreur » que l’Angleterre s’isole. Mais le Prime Minister « a posé un bon diagnostic sur l’état de l’Europe ». Un diagnostic sévère. Sévère, l’ancienne ministre l’est également : « l’Europe est muette sur tous les grands bouleversements géopolitiques » dénonce-t-elle (Catherine Ashton appréciera), et d’énumérer : le printemps arabe, la Lybie, la Syrie, le Mali… La conférence de presse s’achève, Rachida Dati n’aura épargné personne.