La fin d’un quinquennat n’a rien à voir avec la fatalité qui nous guette tous et dont on ne sait par avance ni le jour ni l’heure. Il s’agit d’une période dictée par le calendrier et, comme telle, susceptible de prévision et d’anticipation. Angela Merkel a affronté ces derniers jours les interrogations liées à son devenir politique. En dépit de récents déboires, elle a choisi de briguer un nouveau bail car elle sait, à ses risques et périls, pouvoir compter sur une garde rapprochée et de la possibilité de mettre sur pied une nouvelle coalition. François Hollande n’a pas eu cette opportunité. Nous vivons dans une monarchie républicaine. Lorsque le roi est nu, on l’invite à prendre une veste pour se rhabiller. Les explications fleuriront. Elles seront toutes plus ou moins boiteuses car le mystère est avant tout d’ordre psychologique. Il aura débouché sur un drame historiquement inédit sous la Vè République : la mésaventure d’un président de la République impopulaire au point de ne même plus avoir disposé, semble-t-il, de personnes croyant à ses chances de réussite parmi ses proches et les gens bien disposés à son égard !
Discuter à perte de vue sur la portée du sacrifice contraint de François Hollande ou le service rendu ou non à sa famille politique reviendrait à pleurer, sans grande utilité, sur le lait renversé comme la Perrette de la fable. Mieux vaut constater, car cela pourrait constituer une leçon pour l’avenir, qu’un Président finalement solitaire au sein de sa propre majorité présidentielle n’a pas du tout calculé l’équation délicate du terme de son mandat. Et c’est tout de même très étrange. Si les aléas de la popularité ou de la structuration du parti adverse n’étaient pas maitrisables à l’avance, d’autres éléments étaient archi-prévisibles. Il était évident que la mécanique encore mal connue d’une élection primaire – à laquelle le chef de l’Etat croyait parce qu’elle lui avait porté chance la fois précédente – induisait de hauts risques. La concurrence entre le Président et son Premier ministre faisait partie de ceux-ci et, partant, du péril de crise institutionnelle paralysant un pays vivant par ailleurs sous le régime de l’état d’urgence. Il avait été écrit depuis longtemps qu’il serait très difficile d’empêcher les débats de la primaire de tourner au procès d’un président sortant en exercice. Etait-ce un obstacle insurmontable ? Faute d’avoir imaginé à temps le moyen d’éviter d’être jugé et condamné par les siens, François Hollande se sera privé d’une véritable explication avec l’ensemble des Français. Il ne disposera plus que de la parole et de l’écriture pour défendre un bilan qui sera, n’en doutons pas, plus tard re-évalué, sans que ne disparaisse tout à fait l’ultime question : pourquoi n’a-t-il pas trouvé d’autre sortie que celle empruntant l’issue de secours ? Ce sera désormais, pour l’Histoire, l’énigme Hollande.
Photo en une : © Vernier / JBV NEWS.