Inconnue de la majorité des Français et issue de la « diversité », Myriam El Khomri est le nouveau visage du gouvernement. Née quelques jours seulement après Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, aura-t-elle les épaules assez solides pour mener de front une tâche que beaucoup estiment perdue d’avance ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres en cette rentrée 2015, tant du côté politique que des médias. « Je mesure la responsabilité qui est la mienne », a écrit la nouvelle ministre du Travail sur Twitter peu de temps après sa nomination. « Comptez sur ma combativité et ma détermination ».
À peine rentrée au ministère du Travail, elle doit déjà encaisser les coups : bizutage oblige. Indépendamment des partis, les commentaires fusent. Marine le Pen (Front National), Jean-Claude Mailly (Force Ouvrière) ou encore Gérard Cherpion (Les Républicains) lui reprochent notamment son manque de compétence, auquel Myriam El Khomri répond le 10 septembre au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1. « J’ai travaillé dès l’âge de 17 ans, avec mon père. Hôtesse d’accueil, vendeuse de maillots, travail agricole. Je connais le monde de l’entreprise », ajoute-t-elle, soulignant par ailleurs qu’ « on ne fait pas ce genre de remarques aux hommes ». « Bien déterminée » à réussir sa mission, la nouvelle recrue affirme clairement son refus d’être « la ministre des statistiques ». Une manière, sans doute, d’éviter la question épineuse des chiffres de Pôle Emploi, le temps de se familiariser avec ses nouveaux dossiers. Plus qu’une question de casting, c’est « un regard neuf » que cherchait le gouvernement Valls pour « considérer le chômage sous un nouvel angle » sans s’interdire un petit coup de com’. Quant au rapport Combrexelle relatif à l’évolution du droit du travail, Myriam El Khomri invite à passer de « la culture de l’affrontement » à celle de la « négociation », toujours sur Europe 1. « Il est important de concilier la performance sociale et la performance économique ».
Bien qu’elle ne soit pas un ténor de la politique, l’ascension éclair de Myriam El-Khomri n’est certainement pas due au hasard : d’anciens opposants l’ont même qualifiée de « sincère » et « travailleuse ». D’origine modeste, la ministre tient à garder l’image d’une personnalité simple et accessible, en phase avec les réalités du terrain. Des qualités que beaucoup jugent avantageuses et particulièrement dans le cadre du dialogue social. Après avoir traversé la France pour réduire « les fractures béantes des ghettos » en tant que secrétaire d’État à la politique de la ville, Myriam El-Khomri s’attaque désormais à un chantier non moins explosif. Avec l’espoir que les résultats seront à la hauteur de cette nomination « symbolique ».