Un nez inspiré d’un masque de plongée, des broderies et des pierres en guise de robe, un intérieur marin travaillé du sol au plafond. C’est le nouveau visage des rames de tramway 3 et 4 de Montpellier Agglomération, conçues comme de véritables œuvres d’art et habillées par le couturier Christian Lacroix. “Pour “dire” cette ville et son rapport et la proximité de la mer j’ai, d’emblée, imaginé ce tram vers les plages comme un aimable reptile, un animal fabuleux, un gentil monstre marin”. Une vision innovante des transports en commun autant dans le fond que dans la forme : car au-delà de leur allure esthétique certaine, ces tramways sont de “véritables outils de requalification urbaine”, ainsi qu’en témoigne Jean-Pierre Moure, le président de Montpellier Agglomération, avant d’ajouter, “on ne s’est pas contenté de faire un assemblage en vue de fluidifier les déplacements, le tramway a été conçu pour anticiper le développement et l’urbanisation du territoire”.
Réorganiser l’ensemble d’une ville en fonction d’une ligne de tramway, le défi était loin d’être aisé. Et pourtant, ce projet a considérablement contribué à transformer la ville tout en favorisant la cohésion sociale au sein des quartiers, notamment en reliant l’Ecusson, le cœur historique de Montpellier aux secteurs de Figuerolles et Gambetta.
En plus d’irriguer le centre-ville, les lignes 3 et 4 redessinent la totalité du réseau urbain : revalorisation des voies piétonnes, création de multiples espaces verts, construction de nouvelles pistes cyclables, etc. Une véritable opération de reconquête urbaine, pensée en cohérence avec le reste du réseau de transports existant, s’inscrivant dans la stratégie de développement durable con-duite par l’Agglomération de Montpellier depuis plusieurs années déjà.
Au total, ce sont quatre lignes interconnectées à 30 lignes de bus entièrement accessibles, 50 stations Vélomagg’ disponibles à deux pas des arrêts et entièrement automatisées, 25 stations de partage Modulauto et 23 kms de pistes cyclables qui marquent l’achèvement de plus de trois ans de chantier. Le tout marquant une première en France en matière de transports : le tracé circulaire de la ligne 4, permettant l’irrigation du cœur de ville en continu. S’ajoutent à ces évolutions des connexions qui s’appuient sur le principe d’intermodalité du nouveau Plan de déplacements urbains qui prévoit d’ici 2020, une réduction de 10% du trafic automobile et 23 % en ce qui concerne les gaz à effet de serre sur l’agglomération de Montpellier.
Cette triple combinaison d’atouts écologique, esthétique et social permet à Jean-Pierre Moure d’affirmer que ces tramways sont déjà des “marqueurs identitaires du territoire”. “Offrir à nos concitoyens le meilleur du transport en commun tout en amélio-rant leur qualité de vie au quotidien, c’est construire des tramways qui leur ressemblent, et qu’ils vont nécessairement aimer”. Sans compter que le tram a déjà en partie accompli sa dimension sociale en favorisant l’emploi local, régional et national. Inauguré avec six mois d’avance, il a permis à 170 entreprises d’obtenir près de 133 marchés supérieurs à 20 000 euros, tout en générant plus de 3 000 emplois directs et indirects, sachant que 90 % des employés sont originaires du Département et de l’Agglomération. 78 des 250 participants à la clause d’insertion prévue sur la Ligne 3 ont ainsi été recrutés, dépassant par ailleurs l’objectif des 130 000 heures de travail fixées dans ce programme.
À l’heure où les futurs traits des lignes 5 et 6 se profilent de plus en plus (avec l’extension de la ligne 2 à venir), le schéma du réseau actuel a déjà relevé un double défi : faire tomber le cliché superficiel associé à la mode en la mettant au service du bien public. Un coup de maître.