Mardi 24 novembre, vous avez remporté le prix Edgar Faure du meilleur livre politique ; quel a été votre ressenti au niveau personnel et professionnel ?
Personnellement cela ne représente rien car seule la cause est importante. Ce livre est une démarche citoyenne, une action politique. Le seul objectif de cet ouvrage est de faire écho à une action politique sur un vide juridique pour faire passer une loi, c’est donc une forme de pression pour éveiller les consciences des citoyens sur le gaspillage alimentaire et les coulisses de la loi.
A qui s’adresse précisément votre ouvrage ?
Mon livre s’adresse à tous les Français, pour une raison très simple : c’est le compte rendu d’un élu politique. Il a pour vocation de montrer pourquoi une loi est bloquée et comment elle peut avancer. Je veux prouver qu’un simple conseiller municipal sans délégation, sans pouvoir donc, peut faire bouger des lignes.
Comment un simple élu engagé arrive-t-il à faire passer une proposition de loi à l’Assemblée nationale ?
Elu de Courbevoie en mars 2014, je décide avec mon association Courbevoie 3.0 de créer un partenariat avec Franprix et Monoprix, les enseignes me refusent sous prétexte que je n’ai pas de lieu de stockage et de refroidissement pour placer la nourriture. J’ai donc pensé à faire de la distribution immédiate. Dès la fermeture du supermarché, j’allais récupérer les invendus et les distribuer immédiatement aux SDF.
A partir du 19 décembre 2014, je récupérais chaque soir 30 à 50 kg de nourriture qui pouvaient nourrir une centaine de personnes. Il y avait cependant un vide juridique sur la distribution immédiate. Le 19 janvier 2015, j’ai donc décidé avec l’aide de Mathieu Kassovitz de créer une pétition en ligne. Le 28 janvier, avait lieu la première audition parlementaire à l’Assemblée Nationale. En étroite collaboration avec Frédéric Lefebvre, nous avons fait déposer l’amendement dans le cadre de la loi sur la transition énergétique de Ségolène Royal.
Certaines personnes nous ont fait barrage : ce qui est dommage car cette action porte de l’intérêt général. Ce sujet a été bien trop politisé.
Pourquoi légiférer à tout prix? L’éveil de la conscience collective n’est elle pas suffisante?
Eveiller les consciences n’est pas suffisant, il faut ensuite légiférer en vue d’acter la proposition. Avec cette loi, un distributeur du secteur alimentaire qui rend délibérément impropres à la consommation les invendus alimentaires encore consommables, sans préjudice des règles relatives à la sécurité sanitaire, pourra encourir une peine de 3 750 euros d’amende.
Abonnez-vous au magazine pour lire l’interview en intégralité.
Manifeste contre le Gaspillage
Arash Derambarsh
Editions Fayard
100 pages
10 €