Les stratégies de type « front républicain » restent d’application difficile entre les deux tours des régionales. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles sont improvisées et ne correspondent à aucune réalité politique. La vie publique ne se limite pas, en effet, aux seules contingences électorales. La gauche et la droite, du fait du système bipolaire commandé par le deuxième tour de l’élection présidentielle, se livrent à une guerre sans merci à longueur d’année. Les prétendues « ouvertures » ne se sont jamais concrétisées autrement que par des débauchages individuels. Jean-Pierre Soisson recruté par François Mitterrand, Bernard Kouchner enrôlé par Sarkozy… L’entente autour de coalitions, même limitées dans le temps, n’entre pas dans nos mœurs. Le mur mitoyen séparant nos grands partis dits « de gouvernement » n’est jamais tombé. On peut s’en réjouir par « souci de clarté » ou le déplorer face à la montée d’une force populiste politisant le rejet du système. Mais c’est ainsi et cela ne pourra se modifier en quelques jours….
A la veille du deuxième tour des élections régionales, une frénésie comptable semble s’être emparée de tous les camps. En additionnant des voix dans tous les sens n’importe comment, on peut arriver ainsi à projeter des rêves ou des cauchemars. Le comportement des abstentionnistes, le civisme, la météorologie, tout est bon pour alimenter des équations un peu vaines car dictées par l’urgence.
La politique n’est pourtant rien d’autre que la métaphore de la vie et souvent sa caricature.
Dans l’existence, il nous est prouvé chaque jour que l’arithmétique n’est pas la dynamique. Ce n’est pas l’addition des qualités et la soustraction des défauts qui fondent l’amour et les relations de couple. Au travail, l’accumulation des diplômes n’empêche pas de se retrouver au chômage. Il y a, aussi, des entreprises dont les « business plan » et les comptes paraissent parfaitement en ordre et qui déposent leur bilan pour beaucoup d’autres raisons.
Remarquons enfin, au passage, parce que cela fait partie de l’actualité même si cela ne paraîtra pas évident à première vue, que le nombre de « gogos » tentés par le « hors système » reste à peu près incompressible, en tous domaines et à toutes les époques. Les pyramides de type Madoff, reposant sur l’idée que « l’on peut se passer des banques qui nous volent » continuent à prospérer ainsi qu’en témoigne une récente arnaque bien française autour de placements sur des manuscrits. Comme toujours, il y a une part de vérité dans l’argumentaire des séducteurs. Mais ces traces de vrai sont habillées de beaucoup de « pensée magique » et de mensonges…
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