Le style, les méthodes et la capacité de peser sur les événements de François Hollande restent sujettes à interrogation pour beaucoup de Français. Mais il est au moins une certitude établie après un an de mandat présidentiel : le chef de l’État garde nombre de cartes en main car il ne s’est figé dans aucune rigidité doctrinale. Il peut demain aller vers un social-libéralisme accentué aussi bien que renouer avec le dirigisme, personne de bonne foi ne lui dira qu’il prend un virage à 180°. Les mauvaises langues ironiseront en remarquant qu’il y a chez lui une imprégnation corrézienne, digne du Chirac des dernières années ou du regretté président Henri Queuille, célèbre pour avoir prononcé la phrase : “il n’y a aucun problème qu’une absence de solution ne finisse par régler”. Mais il serait assez injuste d’enfermer le locataire de l’Élysée dans ce cliché culturel, alors qu’il n’a accompli que le cinquième de son parcours. François Hollande, qui par parenthèse revient de Chine, sera plus sérieusement dépeint en adepte de Deng Xiaoping. Qu’importe la couleur du chat pour peu qu’il attrape les souris… Bien entendu, la droite ne lui reconnait pas le mérite de tenir les vieilles idéologies à distance et une bonne partie de la gauche ne lui pardonne pas d’exhorter son gouvernement au réalisme budgétaire. François Hollande pourrait ainsi, pendant quatre ans encore, poursuivre, plongé dans l’impopularité des deux grandes composantes de l’opinion, le chemin de croix de la résorption du déficit budgétaire à coup d’impôts de moins en moins productifs sans retour de la croissance. Mais ce n’est visiblement pas la perspective dans laquelle il se place. Le dynamisme et l’énergie qu’il veut mettre dans son action apparaissaient dans le recours répété au mot “choc”, qu’il s’agisse de compétitivité ou de simplification administrative. Autrement dit, il pense que l’amélioration des conditions de vie des entreprises par l’encouragement de la performance et l’allègement des complications réglementaires seront plus déterminants que les grands discours de civilisation. Quand il affirme “faire des économies, c’est ne pas défaire l’économie”, le président tient des propos pragmatiques et peu démagogiques mais ils ont beaucoup de mal à passer dans un pays empêtré dans sa routine bureaucratique et ses querelles sociétales. Passer des mois à discuter du “mariage pour tous” ou du “patrimoine des élus” c’est important mais cela ne crée aucun “choc” de nature économique alors que les chiffres du chômage indiquent que là se situe l’urgence. Le maniement des outils et la boite qui les renferment, c’est plutôt l’affaire du gouvernement et François Hollande serait bien plus dans son rôle en fixant les horaires. Sous la Ve République, le président de la République reste le “maître des horloges” car lui seul peut peser sur l’agenda gouvernemental et, par voie de conséquence, le calendrier du parlement. Les aiguilles des pendules élyséennes, sur lesquelles toutes les autres se calent, donnent encore l’impression d’hésiter sur l’heure du réveil.